– Une force en Europe, mais déficitaire
La France est le deuxième producteur européen de produits de la mer, derrière l’Espagne, avec 516.000 tonnes de poissons et crustacés pêchés en 2022, en recul de 6% par rapport à 2021, selon les données du gouvernement.
Elle reste le leader européen de la production d’huîtres et occupe la deuxième place derrière l’Espagne (en volume) pour les moules. Elle se classe au troisième rang des producteurs européens pour l’aquaculture.
Malgré cela, la pêche française reste minoritaire dans l’assiette des Français et les produits de la mer contribuaient en 2022 pour 5,6 milliards d’euros au déficit du commerce extérieur.
Le goût des Français, qui sont les 4e plus gros consommateurs européens de ces produits avec 32 kg par habitant et par an, pèse dans la balance: au merlu ou à la sole, ils préfèrent le saumon et la crevette, deux espèces représentant plus d’un tiers des importations totales de poissons et crustacés.
– De vieux armements et moins de marins
La flotte de pêche française a diminué de plus d’un quart en 20 ans, pour compter environ 6.000 navires en 2022, avec une moyenne d’âge de 30 ans.
En métropole, elle est composée essentiellement de petits bateaux: plus de 80% font moins de 12 mètres et une minorité (200 bateaux) est dédiée à la pêche au grand large.
La pêche au chalut approvisionne la moitié de l’offre française. Elle permet de pêcher les espèces près du fond, comme le cabillaud, le merlu ou la lotte, ainsi que des espèces pélagiques – qui vivent en haute mer – comme l’anchois.
Le reste des approvisionnements se fait avec des filets (raie, sole), mais aussi à la drague (coquilles Saint-Jacques), avec des casiers (crabes, homards) et à la palangre (thons).
La flotte se renouvelle doucement. Selon les années, entre 60 et 70 nouveaux navires sont mis sur le marché, venant de chantiers navals français, belges ou marocains. Objectifs: réduire la facture énergétique et développer une pêche moins polluante (propulsion hybride, matériaux biosourcés…).
En 2021, les navires employaient 12.400 personnes. Les marins-pêcheurs sont moins nombreux (-15% depuis 2011) et près de la moitié partiront en retraite dans les cinq à dix ans.
Leur rémunération mensuelle varie entre 2.500 et 3.000 euros nets, selon France Filière Pêche, avec de fortes variations dans l’année en fonction des espèces pêchées et de la météo.
– Encore trop de surpêche
En 2022, 56% des poissons débarqués en France provenaient de populations exploitées durablement, un chiffre en légère amélioration par rapport à 2021 (54% de pêche durable), selon le dernier bilan de l’institut français de recherche Ifremer.
En revanche, 20% des débarquements sont issus de populations de poissons surexploitées et 2% de populations effondrées, comme le merlu de Méditerranée ou le lieu jaune de Manche et mer du Nord.
Le progrès est net depuis 2000, où seulement 18% des poissons étaient exploités durablement, mais encore loin de l’objectif de 100% fixé par la Politique commune de la pêche.
– Des chocs successifs durs à encaisser
Après le Brexit, la France a envoyé 90 bateaux à la casse, indemnisant les pêcheurs n’ayant pas obtenu de renouvellement des licences de pêche dans les eaux britanniques ou dont au moins 20% du chiffre d’affaires était réalisé dans ces eaux.
L’inquiétude porte désormais sur les modalités techniques (types de filets, quotas) du millier de licences britanniques finalement accordées. Et Paris proteste contre la récente fermeture au chalutage de fond de 13 zones marines protégées britanniques.
Cet hiver, la fermeture pour un mois de la pêche dans le golfe de Gascogne pour protéger les dauphins a durement touché les pêcheurs de la façade atlantique, tandis que dans l’océan Indien, la pêche thonière, dénoncée comme destructrice par des ONG, bat de l’aile, plombée par les coût du gazole et l’épuisement de la ressource.
Le président Macron, qui dit vouloir faire de l’éolien en mer la première source d’énergies renouvelables en France d’ici 2050, veut consacrer 700 millions d’euros des futures recettes fiscales de l’éolien à la modernisation et à la décarbonation de la flotte et des ports.