Canal Seine-nord Europe: l’UE débloque 300 millions d’euros supplémentaires

Lille, 17 juil 2024 (AFP) – La Commission européenne a validé mercredi une nouvelle tranche d’aide financière de 300 millions d’euros pour le Canal Seine-nord Europe, grand projet d’infrastructure qui doit permettre de mieux relier les voies navigables françaises au réseau fluvial d’Europe du Nord.

L’enveloppe est accordée dans le cadre du Mécanisme pour l’interconnexion de l’Europe (MIE), qui octroie également 700 millions d’euros mercredi pour la construction de la ligne ferroviaire transfrontalière Lyon – Turin.

Cette aide s’ajoute aux 582 millions déjà versés par l’UE pour ce chantier pharaonique en projet depuis des décennies, relancé et interrompu à plusieurs reprises faute de financements suffisants ou de volonté politique.

L’ouvrage doit relier Compiègne, dans l’Oise, à Aubencheul-au-Bac, dans le Nord, au moyen d’un canal de 107 kilomètres de long et 54 mètres de large permettant de rallier le réseau fluvial du Benelux.

L’objectif est de permettre la circulation de péniches « à grand gabarit » (jusqu’à 185 mètres de long, d’après la Société du Canal), désengorgeant ainsi les principales voies navigables françaises, saturées, et de réduire la circulation de camions de marchandises sur l’autoroute du Nord.

Il doit également stimuler l’activité économique de la région, en désenclavant les territoires traversés et en créant de l’emploi.

En novembre 2023, une première étape est franchie avec l’inauguration d’un tronçon de 11 kilomètres de voie navigable. Le canal devrait être achevé en 2030.

Moins médiatique que le mégaprojet de ligne transalpine Lyon-Turin, le canal Seine-Nord n’est toutefois pas exempt de polémiques, dont la première porte sur son coût.

Sa construction, évaluée finalement à 5,1 milliards d’euros, est financée exclusivement en fonds publics, en premier lieu par l’Union européenne (2,1 milliards d’euros), suivie par l’Etat et les collectivités (1,1 milliard d’euro chacun) et un emprunt de 800 millions d’euros.

En 2020, un rapport de la Cour des comptes européennes consacré aux mégaprojets déplorait « une augmentation de 199% » du coût de ce chantier, soit une hausse de 3,3 milliards.

Le même rapport jugeait irréalistes les projections de trafic attendu sur le réseau, les estimant très au-dessus de ses capacités.

Si la Commission d’enquête environnementale a rendu en 2024 un avis favorable, elle souligne toutefois plusieurs points d’achoppement, notamment l’impact du tracé sur la biodiversité, ou la pollution engendrée par les travaux.

L’alimentation en eau du canal, qui doit se faire via une retenue d’eau colossale, d’une contenance de 14 millions de m2, suscite également l’inquiétude et l’opposition de plusieurs collectifs écologiques. Celle-ci ne devrait toutefois pas engendrer de ponctions sur les nappes phréatiques, d’après la Société du Canal.

Voir les autres articles de la catégorie

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.