Sous la pression d’une offre mondiale a priori plus abondante que prévu, les prix du blé restent proches de leur plus bas niveau depuis 2020 à la Bourse de Chicago et, côté européen, sont redescendus lundi autour de 215 euros la tonne pour l’échéance de septembre.
Mais ils ont été aidés mardi par « la confirmation d’une récolte catastrophique en France », premier producteur européen de la céréale du pain, a signalé Sébastien Poncelet, analyste d’Argus Media. Selon des chiffres diffusés par son cabinet, la production de blé tendre devrait chuter cette année à 25,17 millions de tonnes, ce qui correspondrait à la pire récolte depuis 1983.
Le marché du blé a aussi été revigoré par un « changement radical de stratégie » de la part de l’Egypte, a ajouté M. Poncelet.
Ce pays, gros importateur de blé, passe généralement un appel d’offre tous les quinze jours pour un chargement quelques semaines plus tard. Cette fois-ci, « ils ont lancé un appel d’offres pour plusieurs quinzaines, d’octobre à avril, pour un maximum de 3,8 millions de tonnes de blé », a précisé M. Poncelet.
L’Egypte ne cherche pas à faire des économies en commandant plus en une seule fois, car « leur système d’appel d’offre est déjà optimisé », mais ce pays estime probablement que le prix du blé a plus de risque de monter dans les prochains mois que de redescendre, a estimé l’analyste.
– Maïs tiraillé –
Si les pluies perturbent la moisson de blé en France, elles sont en revanche plutôt bénéfiques au maïs, qui a besoin d’eau en été et dont récoltes françaises s’annoncent correctes.
Mais les cours de cette céréale sur Euronext sont tiraillés entre les prix attendus pour le maïs américain et ceux attendus pour le maïs venant de région de la mer Noire.
Aux Etats-Unis, la moisson s’annonce abondante. Le dernier rapport hebdomadaire du ministère américain de l’Agriculture a certes fait état d’un léger recul de la proportion de maïs considéré comme bon à excellent. Mais « c’était attendu » et « des pluies annoncées sur le Midwest américain pourrait conduire à une amélioration » de la qualité « dans la semaine », avance dans une note Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank.
Les cours du maïs à Chicago restent près de leur plus bas depuis l’automne 2020.
Dans le même temps, la récolte « s’annonce mauvaise en Roumanie, en Bulgarie, en Ukraine, probablement en Hongrie aussi », a noté M. Poncelet. « C’est sans doute pour cette raison que le maïs (sur Euronext) reste au-dessus de 200 euros la tonne », a-t-il jugé. La tonne y évoluait mercredi autour de 206 euros.
– « Vent de panique » –
Du côté des oléagineux, le cours du colza sur Euronext est redescendu très vite ces derniers jours, passant de plus de 500 euros la tonne le 22 juillet à moins de 450 euros mardi. A Chicago, le soja évolue à son plus bas depuis 2020.
« Il y a une sorte de vent de panique sur le complexe oléagineux qui prend le dessus sur les fondamentaux, en tout cas en Europe où on ne s’attend pas à une si grosse récolte », a souligné M. Poncelet.
Mais comme une grande partie de la production d’oléagineux sert à produire des biocarburants, les cours sont très dépendants de ceux du pétrole, tombés lundi à leur plus bas niveau depuis six mois.
Les acteurs du marché s’inquiètent par ailleurs du ralentissement économique en Chine, gros importateur.
De façon générale pour les produits agricoles américains, « on a des gros surplus, une demande en berne, donc rien qui attire les courtiers souhaitant parier sur une hausse des cours », a résumé Dewey Strickler, analyste d’Ag Watch Market Advisors.
Pour Mike Zuzolo, analyste de Global Commodity Analytics and Consulting, les récentes hausses des devises japonaise et chinoise face au dollar pourraient toutefois « renforcer la capacité de ces partenaires commerciaux majeurs en Asie à relancer leurs commandes aux Etats-Unis ».
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