Cette journée d’action marquée par des barrages filtrants ou des marches a été décidée par la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), mouvement à l’origine de la mobilisation, et est amenée à être reconduite les 13 de chaque mois comme « date de commémoration » du « départ de la révolte ».
A Poya, à la frontière entre provinces Nord et Sud, Gilles Nahiet, t-shirt et casquette aux couleurs de la CCAT, saluait les automobilistes depuis le bord de la route. Le responsable de la CCAT de Koné, commune situé quelques kilomètres plus au nord, est présent quasiment tous les jours depuis trois mois.
Lui et ses camarades n’entravent plus la circulation, contrairement aux premières semaines du mouvement, mais un ralentisseur fait d’épaisses cordes oblige les automobilistes à lever le pied.
En « mémoire de nos martyrs, on a hissé le drapeau noir à côté de notre drapeau indépendantiste », montre-t-il. Les troubles ont provoqué la mort de dix personnes, dont deux gendarmes.
« On a affiché sur le bord de la route les photos de nos prisonniers politiques », ajoute-t-il, en référence aux sept militants de la CCAT accusés d’avoir organisé les violences et placés fin juin en détention provisoire en métropole. Depuis, deux sont sortis de prison mais restent sous contrôle judiciaire dans l’Hexagone.
Des incidents ont toutefois éclaté à quelques kilomètres de Poya, au niveau d’un vaste barrage le long duquel il fallait slalomer entre des obstacles pour circuler. Le lieu fait l’objet depuis plusieurs semaines d’un bras de fer entre de jeunes militants armés de frondes et les forces de l’ordre, qui sont intervenues mardi avant de se replier.
Des mobilisations et des marches ont également eu lieu ailleurs sur le territoire. Dans l’agglomération de Nouméa, celles-ci n’ont pas été massivement suivies, a constaté un journaliste de l’AFP. En quelques endroits, des militants ont pavoisé avec des drapeaux indépendantistes, sans débordement à signaler.
Un cortège, composé de membres des CCAT locales, s’est notamment rendu en milieu de journée sur l’un des deux barrages des forces de l’ordre bloquant l’accès à la zone de Saint-Louis, proche de Nouméa, un fief indépendantiste où la sécurité n’est toujours pas restaurée. Après avoir manifesté, des doléances ont été remises aux gendarmes.
L’examen au Parlement d’un projet de réforme électorale accusé de marginaliser la population autochtone a été le point de départ d’une vaste mobilisation indépendantiste dégénérant en émeutes à partir du 13 mai. Le calme est progressivement revenu, mais un couvre-feu est toujours en vigueur.