« La nuit du 14 au 15 octobre a été calme sur l’ensemble du territoire », a indiqué mardi la préfecture de l’île antillaise, qui a prolongé la veille le couvre-feu de 21H00 à 05H00 en vigueur sur toute l’île après les nuits d’émeutes de la semaine dernière.
« Les opérations de levée des barrages et de nettoyage des voies se sont poursuivies », a ajouté la préfecture de Martinique dans un communiqué.
Concernant le couvre-feu, cette « mesure exceptionnelle » est prolongée jusqu’au 21 octobre et le sera « autant que nécessaire », a précisé la préfecture.
L’île antillaise de près de 350.000 habitants est en proie depuis début septembre à une mobilisation sociale qui a dégénéré en violences urbaines contre le prix des produits alimentaires, 40% plus chers que dans l’Hexagone.
Dans un communiqué, le Medef local a alerté sur les destructions d’emplois entrainées par les émeutes. Un total de « 171 bâtiments ont été impactées » et plus de 1.000 emplois sont d’ores et déjà directement menacés par les destructions et les pillages, selon ce communiqué
– Dégâts « irréversibles » –
« Détruire les entreprises est contreproductif à tous points de vue », a ajouté le Medef, qui estime que « l’important différentiel de prix avec la France hexagonale est lié à l’éloignement géographique », alors que les acteurs de la distribution sont ciblés par les militants.
Sur le plan sécuritaire, plus de 300 policiers et gendarmes sont arrivés en renfort dans le courant du weekend, a indiqué une source policière à l’AFP.
Des actions de protestation continuent d’être organisées, à l’image d’une opération escargot baptisée Molokoï, une tortue locale, à l’initiative de la CGT-Martinique, qui a réuni un petit nombre de participants.
« Nous appelons le gouvernement à entendre le cri des Martiniquais », a expliqué à l’AFP Marcel Rose-Adelaïde, militant CGT, assurant que « la population est chaud bouillante ».
« Ce n’est que lorsque ça bouge, qu’il y a le feu partout, qu’on voit le gouvernement s’intéresser à nous », a-t-il ajouté, regrettant l’annulation d’une septième réunion de négociations.
Prévue mardi, cette table ronde entre l’Etat et les acteurs locaux (militants, grande distributions, élus) pour faire baisser le coût de la vie n’aura en effet pas lieu faute de « nouvelle proposition concrète et viable », selon le président du conseil exécutif de Martinique, Serge Letchimy.
En réaction, le collectif militant Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC) a rappelé que « 24 points sur 26 ont été actés » mais que « les deux points restants non négociés avec la grande distribution sont le résultat d’un refus collectif du peuple ».
« Aucune concession ne sera faite à ceux qui n’ont jamais fait preuve de bonne volonté envers le pouvoir d’achat des Martiniquais », a déclaré le RPPRAC dans un communiqué, affirmant son intention « de poursuivre ses rassemblements contre la +vie chère+ ».
« Il y a trois étapes: la première les pillages; si ça dure les destructions; et si ça continue, c’est la traque de ceux qu’on pense ou qu’on désigne comme ennemis. On a déjà passé deux étapes. J’espère qu’ils seront raisonnables, parce que quand on arrive à la troisième étape (…) les dégâts sont irréversibles », avait averti plus tôt lundi auprès de l’AFP le dirigeant du RPPRAC, Rodrigue Petitot.
« On est un peuple qui revendique légitimement le droit à l’accès à la nourriture à des prix respectueux, et tout ce qu’on nous donne jusqu’à présent, c’est une répression » avait-il ajouté.
Le RPPRAC réclame que les distributeurs s’engagent à ne pas dépasser un certain différentiel de prix sur « tout l’alimentaire » alors que le document de travail actuel évoque seulement 54 familles de produits concernées.