Un patrouilleur de la Marine nationale est arrivé vendredi matin dans le port de Shengjin avec à son bord huit personnes secourues en Méditerranée, a indiqué le ministère de l’Intérieur à l’AFP.
Ces migrants, six originaires d’Égypte et deux du Bangladesh, doivent être conduits dans le centre de rétention de Gjader, sur une ancienne base militaire, pour un traitement accéléré de leur demande d’asile.
Cette nouvelle tentative survient près d’un mois après le renvoi en Italie de 12 migrants débarqués en Albanie en vertu de cet accord, sur décision d’un tribunal italien qui avait jugé la procédure non conforme au droit européen.
Il invoquait une décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) selon laquelle les pays de l’UE ne peuvent décréter l’ensemble d’un pays sûr alors même que certaines régions de ce même pays ne le sont pas.
Pour contourner l’obstacle, le gouvernement ultraconservateur de Giorgia Meloni a adopté un nouveau décret indiquant que toutes les régions des 19 pays d’origine figurant sur sa liste des « pays sûrs » étaient sûres.
L’objectif est de traiter en procédure accélérée depuis l’Albanie les demandes d’asile de migrants originaires de ces pays, avec à la clé une probable expulsion.
Mais des juges italiens de Bologne ont contesté ce nouveau texte et saisi la CJUE, estimant impossible de déclarer des pays entiers sûrs lorsqu’il existe des preuves de persécution de minorités dans ces pays.
« On pourrait dire, paradoxalement, que l’Allemagne nazie était un pays extrêmement sûr pour la grande majorité de la population allemande : à l’exception des juifs, des homosexuels, des opposants politiques, des personnes d’origine rom et d’autres groupes minoritaires », ont-ils plaidé.
Mme Meloni, élue en 2022, avait promis de faire cesser les arrivées de migrants, d’accélérer les expulsions et de contraindre ses voisins européens à davantage aider la péninsule en ce sens.
Malgré les revers, « il reste un extraordinaire intérêt de la part de nos partenaires européens » pour le modèle italo-albanais, a assuré la dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d’Italia vendredi matin en marge du Conseil européen de Budapest.
L’accord ne s’applique ni aux personnes vulnérables (les mineurs, les femmes ou les personnes nécessitant des soins médicaux) ni aux migrants ayant déjà atteint l’Italie, à bord d’embarcations de fortune ou après avoir été secourus en Méditerranée.
L’opposition italienne ironisait vendredi sur le débarquement de huit migrants en Albanie alors que 2.000 personnes sont arrivées sur l’île de Lampedusa depuis lundi, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.