CMA CGM a surfé sur le dynamisme du commerce mondial au troisième trimestre

Paris, 8 nov 2024 (AFP) – Le transporteur CMA CGM a profité d’un troisième trimestre marqué par un restockage massif des entreprises, inquiètes des perturbations géopolitiques et des conséquences de l’élection américaine, couplé à un recul de l’inflation favorisant la consommation, pour enregistrer un résultat bien meilleur qu’attendu, publié vendredi.

Avec 2,7 milliards de dollars de bénéfice net au troisième trimestre, CMA CGM a fait sept fois mieux que sur la même période l’an dernier, quand le secteur du transport maritime entrevoyait une fin d’année compliquée avec la chute brutale des tarifs du fret.

Son chiffre d’affaires a atteint 15,8 milliards de dollars au troisième trimestre, en hausse de 38,5% sur un an.

« On s’attendait à ce que les compagnies maritimes perdent de l’argent en 2024 », s’est remémoré auprès de l’AFP le directeur financier de CMA CGM, Ramon Fernandez.

Finalement, cette année « aura dépassé les attentes », a-t-il relevé. La division transport maritime de CMA CGM a bénéficié de l’accélération du commerce mondial au troisième trimestre, grâce à la poursuite de la baisse de l’inflation dans le monde et à un phénomène de restockage des entreprises.

Celles-ci ont souhaité anticiper en raison d’un contexte géopolitique incertain avec les tensions en mer Rouge, la hausse des droits de douane un peu partout dans le monde, le risque de conflit social dans les ports nord-américains (touchés par trois jours de grève et de fermeture complète début octobre), avec en toile de fond les élections américaines.

« Tout ça fait qu’on a eu un boost des volumes », a expliqué M. Fernandez. CMA CGM a transporté 6 millions d’équivalent vingt pieds (EVP, mesure de référence du secteur) au troisième trimestre, soit 5,5% de plus que l’année dernière.

– Année 2025 incertaine –

Si les tarifs du transport maritime de fret ont diminué en moyenne de 45% depuis juillet, après avoir fortement augmenté en raison des perturbations en mer Rouge, ils restent deux fois supérieurs à ce qu’ils étaient fin 2023.

L’obligation de contourner l’Afrique par le cap de Bonne Espérance rallonge les routes entre l’Asie et l’Europe d’une quinzaine de jours environ et a permis d’absorber le surplus de navires arrivés sur le marché cette année, qui risquaient de créer un phénomène de surcapacité.

La division logistique de CMA CGM a vu elle aussi son chiffre d’affaires croître sur an (+31,1%), à 4,8 milliards de dollars. Mais c’est uniquement dû à l’acquisition de Bolloré Logistics, effective depuis février. A périmètre constant, le chiffre d’affaires est en léger retrait.

« Le troisième trimestre sera meilleur que le quatrième (…) mais nous sommes sur un rythme cohérent avec nos projections », a assuré M. Fernandez.

CMA CGM s’attend en revanche à une année 2025 « marquée par de nombreuses incertitudes », aussi bien sur le plan macroéconomique que sur la réglementation avec de potentielles hausses des droits de douane.

L’élection à la présidence américaine de Donald Trump, qui a promis de relever les droits de douane significativement, est scrutée de près même si « le vrai élément influent (sur la dynamique du commerce mondial), c’est la situation économique générale, l’inflation et la consommation », pas forcément les droits de douane, a estimé M. Fernandez.

– Relocalisation –

« On assiste plutôt à une réorganisation générale des flux d’échanges plutôt qu’une rupture des liens commerciaux » avec une relocalisation, a indiqué le dirigeant.

CMA CGM devra aussi s’acquitter d’une taxe exceptionnelle de 500 millions d’euros en 2025 (300 millions en 2026). Les députés ont adopté un amendement pour la pérenniser, alors que le gouvernement a prévu de la maintenir deux ans seulement.

Ils ont aussi voté le plafonnement de la taxe au tonnage, un régime fiscal avantageux pour le transport maritime, à 500 millions d’euros annuel. M. Fernandez a dit espérer « qu’on en restera au projet initial de taxation exceptionnelle qui aura déjà un impact sur [les] investissements » du groupe.

« La fiscalité du transport maritime est un régime fiscal mondial, il n’y a pas de débat dans les autres pays aujourd’hui », a-t-il rappelé afin de souligner l’enjeu pour la compétitivité de l’entreprise française.

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