« Tout changement précipité et immérité de la gouvernance ne pourrait être qu’interprété comme un signe de faiblesse et un refus de l’actionnariat de défendre les positions de la SNCM face aux injonctions de nature dogmatiques de la Commission européenne sortante », estiment, dans un communiqué de presse, Me Jean-Pierre Mignard et Me Sébastien Mabile.
A la demande de l’actionnaire principal Transdev, hostile au plan de redressement engagé par la direction actuelle, la convocation d’une assemblée générale extraordinaire a été inscrite à l’ordre du jour du conseil de surveillance prévu lundi après-midi à Paris, pour en révoquer le président Gérard Couturier, représentant de Transdev, mais « allié objectif » du président du directoire Marc Dufour, selon un syndicaliste.
Transdev (66% du capital de la SNCM, 7 sièges) souhaite, ainsi, retrouver la majorité au conseil de surveillance, où il peut aujourd’hui être mis en minorité par les représentants des employés et des actionnaires salariés (9%, 4 sièges) et l’État (25%, 3 sièges).
L’opérateur de transport juge « fragile » le plan mis en oeuvre, qui prévoit la suppression d’environ 500 postes (sur 2.600), l’augmentation du temps de travail et le remplacement de quatre navires par des bateaux plus performants.
Le président de Veolia Antoine Frérot, coactionnaire de Transdev avec la Caisse des dépôts (CDC), avait lui qualifié de « boulet » la SNCM, qui a été condamnée à rembourser 440 millions d’aides publiques jugées illégales par Bruxelles.
Or, selon les avocats de l’exploitant historique des lignes Corse-continent, « il n’est pas exact de mettre immédiatement (cette somme) à la charge de la SNCM ».
« Ces décisions de la Commission européenne n’imposent aucune obligation à la SNCM. L’Etat est et reste en droit le seul débiteur de celles-ci », ajoutent-ils, estimant qu' »aucune considération d’ordre juridique ou financière ne justifie donc l’ouverture d’une procédure collective devant le tribunal de commerce ».
Dans un courrier adressé en fin de semaine dernière au Premier ministre, le sénateur-maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, prend la défense de la direction de la SNCM et appelle Manuel Valls à se « saisir de ce dossier qui, depuis trop de mois, souffre de l’indécision dans les plus hautes sphères de l’Etat ».
« L’Etat doit arrêter, au plus tôt, la convocation de cette assemblée générale et maintenir Gérard Couturier » qui est, avec le président du directoire, « le dernier rempart contre le dépôt de bilan et la liquidation de la SNCM », souligne l’élu.
« Il importe que l’Etat (…) demande à la CDC d’intervenir directement, et non via Transdev, dans le capital de la SNCM, rendant de ce fait Veolia minoritaire à hauteur de 33% », poursuit M. Gaudin, craignant en cas de scénario catastrophe « une réaction sociale très violente » et « un blocage total du port de Marseille » au début de la saison touristique.
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