Les enquêteurs de la gendarmerie maritime ont commencé à les surveiller en février. Ils ont mis en évidence un système bien rodé: une vingtaine de pêcheurs non professionnels pêchaient environ 100 kilos de ce coquillage tous les deux jours, rapporte la gendarmerie dans un communiqué.
Ils revendaient ensuite tout cela à une société d’achat et revente de coquillages-crustacés basée dans l’Hérault, qui revendait elle-même ces palourdes à des restaurateurs ou consommateurs sans mention de leur origine.
Les pêcheurs étaient « payés en espèces, sans factures, parfois contre virements bancaires vers des comptes blanchisseurs », indique de son côté à l’AFP le procureur de la République d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon.
« Les investigations ont permis d’établir que les dirigeants de la société donnaient des instructions à ces pêcheurs de leur fournir des palourdes de manière très régulière et en quantité importante », a-t-il expliqué.
Au total, 24 tonnes auraient ainsi été échangées depuis février, pour un montant dissimulé de plus de 163.000 euros, valorisé à la vente entre 600 et 700.000 euros, selon le procureur.
Dans l’étang de Berre, l’une des plus grandes lagunes méditerranéennes d’Europe, la pêche à la palourde est limitée dans le temps et réglementée: 2 kilos par jour et par pêcheur de loisir, 50 kilos par jour par pêcheur professionnel.
Suite au coup de filet opéré lundi, 25 personnes ont été entendues et parmi elles 20 comparaîtront devant un tribunal pour différents motifs dont pêche illégale (zone interdite, poids supérieurs à ceux autorisés pour des pêcheurs non professionnels et en dehors des jours autorisés), mise sur le marché de denrées préjudiciables à la santé, travail dissimulé en bande organisée et blanchiment.
Les huit principaux protagonistes de ce trafic seront jugés le 23 septembre devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence. Parmi eux on trouve les dirigeants de la société et cinq principaux pêcheurs non professionnels qui pêchaient sur demande de l’entreprise, et ce « malgré l’arrêté préfectoral interdisant la pêche du fait d’une pollution à l’E.coli », détaille encore Jean-Luc Blachon.
Les autres mis en cause sont notamment convoqués le 10 mars dans la perspective d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité.