« L’heure est grave. Mayotte n’a jamais connu une telle situation », a déclaré dans la journée le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, alors que le cyclone, à environ 300 km au nord-est de Mayotte selon le dernier bulletin de Météo-France, pourrait s’accompagner de « vents destructeurs voire dévastateurs ».
L’alerte rouge est entrée en vigueur à 22H00 (20H00 à Paris) sur l’archipel.
« J’ai fait le plein de bouteilles d’eau, de nourriture, de bougies… », témoigne Fatima, habitante de Majicavo-Koropa et mère de trois enfants, qui craint les « vents violents » et les « orages ».
« On a très peur », confie cette femme de 57 ans, encore marquée par le passage d’un cyclone quand elle était enfant aux Comores voisines, se souvenant des « vagues (qui) ravageaient tout » et des « poteaux électriques par terre ».
Dans la nuit de vendredi à samedi, Météo-France prévoit à Mayotte « de violentes rafales de vent, des pluies intenses, des vagues submersives couplées à une surélévation de la mer », des conditions météorologiques qui entraînent « un risque de ruissellement et d’inondation, et une houle marine qui peut avoir des effets importants sur le littoral », a précisé le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville.
« C’est un événement inédit, d’une extrême violence, les vents pourront dépasser 180 km/h », a-t-il souligné lors d’une conférence de presse.
Concomitamment de l’alerte rouge, la circulation a été interdite sur la voie publique des deux îles, Grande-Terre et Petite-Terre, et l’aéroport de Dzaoudzi a fermé depuis 20H00 (18H00 à Paris).
L’Agence régionale de santé (ARS) demande aux patients de « ne pas se déplacer mais d’appeler le 15 », et ajoute que « les moyens médicaux ont été renforcés pour prendre en charge les personnes blessées ou malades ».
– 71 centres d’hébergement –
La préfecture locale, elle, a demandé sur le réseau social X à la population de rester « confinée dans une habitation solide, avec à disposition un stock adapté d’eau et de nourriture ».
A ceux qui vivent dans des habitations précaires, très nombreuses dans le département le plus pauvre de France, le préfet a conseillé de rejoindre l’un des 71 centres d’hébergement « ouverts à tous » dans des établissements scolaires et des gymnases.
Sont concernées en priorité les 100.000 personnes logeant dans des « habitations non solides » qui ont été identifiées par les autorités.
Si elle vit aujourd’hui dans un « logement sécurisé », Fatima reste tout de même inquiète: « On va écouter la radio et faire tout ce qu’il faut ».
Outre la diffusion d’une alerte SMS par les autorités, « les policiers municipaux sont allés dans chaque village », a indiqué le préfet, notamment dans les quartiers difficiles d’accès.
« La priorité c’est de mettre les gens en sécurité », assure le maire de Chiconi, Madi Ousseni Mohamadi, qui prépare le collège de sa commune – fermé vendredi et samedi comme tous les établissement scolaires de l’archipel – à accueillir la population.
Le maire de cette commune qui borde le littoral a aussi déployé des agents pour « dégager les abords des routes des éléments qui pourraient s’envoler et faire des dégâts », comme des carcasses de voitures.
Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau a participé à un point de situation au centre opérationnel de gestion interministérielle des crises à Paris, confirmant l’envoi à Mayotte de 110 professionnels de la sécurité civile depuis l’île de La Réunion.
« Je demande à la population de respecter les consignes des autorités », a-t-il indiqué sur X.
L’archipel de Mayotte, relativement épargné par les cyclones, avait été touché par le cyclone Belna en 2019, sans dégât majeur.
Aux Comores voisines, une alerte cyclonique de niveau orange a été activée. La direction générale de la sécurité civile a ordonné la fermeture des aéroports à partir de vendredi 18H00 locales (15H00 GMT) « en raison des conditions météorologiques extrêmes ».
A Madagascar, l’oeil du cyclone s’est approché à une centaine de kilomètres du nord de l’île et a causé une pluie « abondante l’après-midi » ainsi qu’un « vent fort » avant de s’en éloigner, selon les autorités.
« Plusieurs quartiers sont inondés » mais « le plus dur semble être derrière nous », a déclaré à l’AFP Cerveau Rakotoson, un habitant d’Antsiranana, principale ville du nord de l’île.
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