Les secours à Mayotte, un casse-tête logistique en temps de cyclone

Paris, 14 déc 2024 (AFP) – Un aéroport endommagé empêchant tout atterrissage, une mer déchaînée rendant la navigation périlleuse, des secouristes qui se déploient alors que le cyclone Chido n’a pas encore complètement quitté la zone: l’action des secours et l’envoi de renforts à Mayotte relèvent du casse-tête.

– Des secours déjà sur place –

Quelque 1.600 policiers et gendarmes sont déployés à Mayotte, selon l’entourage du ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a demandé au préfet de Mayotte une « mobilisation maximale » des forces de l’ordre pour porter secours à la population et « prévenir d’éventuels pillages ».

Le chef d’état-major de l’armée de terre, le général d’armée Pierre Schill, a fait état sur X de « plus de 70 sapeurs-sauveteurs » déployés samedi à Mayotte pour faire face aux conséquences du cyclone Chido. « Nos légionnaires du 5e régiment étranger basés sur l’île de Mayotte peuvent aussi intervenir », a-t-il ajouté.

Une quarantaine de sapeurs-pompiers de La Réunion avaient été prépositionnés sur place. Avec les 70 sapeurs-sauveteurs militaires, ils ont commencé à réaliser de premières missions après que le niveau d’alerte du cyclone a été rabaissé de violet à rouge, a déclaré à l’AFP le colonel Alexandre Jouassard, porte-parole de la Sécurité civile.

Ces personnels sont actuellement en reconnaissance pour déterminer s’il y a eu des morts ou des blessés graves, mais aussi pour « regarder l’accessibilité », afin de déterminer comment faire ensuite pour « déblayer, accéder, ouvrir des voies et des zones », a-t-il poursuivi.

– Des renforts à venir –

Bruno Retailleau a annoncé un nouvel envoi dimanche de 140 militaires de la sécurité civile et sapeurs-pompiers.

« Etant donné l’ampleur du sinistre et les impacts potentiels en fonction des bilans et des différents éléments qui vont remonter dans les prochaines heures, là, il pourrait y avoir des effectifs supplémentaires et des moyens spécialisés qui seraient envoyés dans les prochains jours », a acquiescé le colonel Jouassard.

« Ça va évidemment dépendre du retour terrain qu’on va avoir ».

Un avion gros porteur A-400M de l’armée ne devait pas décoller avant 20 heures de Paris, a-t-on appris auprès de l’état-major des armées.

A son bord, « du matériel pour faire de la génération électrique, ce genre de choses de première nécessité », a expliqué à l’AFP son porte-parole, le colonel Guillaume Vernet.

« Sur place, ils n’ont plus rien. Ils n’ont plus les moyens d’avoir du courant. Il faut leur donner de quoi déblayer les routes, etc », a-t-il poursuivi.

– Aéroport fermé –

L’aéroport de Mayotte est pour l’instant fermé, sa tour de contrôle ayant été endommagée par le cyclone, selon le colonel Jouassard.

Mais des militaires sont déployés sur l’aérodrome pour évaluer son niveau de praticabilité malgré les dommages, afin de savoir si et quand des vols militaires habitués à des sites dégradés pourront s’y poser, a-t-il ajouté.

L’A-400M devait dans un premier temps s’envoler pour La Réunion, selon le porte-parole de l’état-major.

L’archipel voisin des Comores, qui dispose d’un aéroport, ne semble pas en mesure d’accueillir le gros porteur militaire. « Les Comores, à ce stade, ce n’est pas une solution. On a la même problématique qu’à Mayotte », a estimé le colonel Vernet.

– Mer déchaînée –

Si l’aéroport de Mayotte ne pouvait être réouvert, le problème serait ensuite d’acheminer le fret depuis La Réunion, sachant que les deux territoires français se trouvent à plus de 1.400 km l’un de l’autre, avec Madagascar au milieu.

En fin d’après-midi, l’armée française faisait état d’une mer déchaînée, avec des creux de 7 mètres rendant la navigation problématique.

« Ça peut changer d’ici demain (dimanche) matin. Tout dépend de la vitesse de déplacement du cyclone. Tout dépend de sa trajectoire. Si demain, il n’y a plus que 2 mètres de creux ou 3 mètres de creux, la frégate Floréal devrait pouvoir s’approcher des côtes », un hélicoptère à son bord devant « permettre d’évaluer au mieux » les besoins du moment, selon le porte-parole de l’état major.

« La conduite d’une opération de secours, c’est toujours un casse-tête. Après, l’ampleur est assez inédite » avec un « épisode climatique encore en cours » qui complique encore les opérations de secours, poursuit-il.

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