Démographie
Au 1er janvier 2024, la population de ce petit archipel de l’océan indien était estimée à 321.000 personnes par l’Insee.
« Depuis 2021, le recensement prend à Mayotte la même forme que sur le reste du territoire français, une enquête annuelle couvrant chaque année une partie différente du territoire, avec quelques adaptations aux spécificités mahoraises. Avant chaque enquête, une cartographie précise permet de repérer l’ensemble des logements concernés, qu’ils soient en dur ou en tôle (bangas) », précisait l’Institut national de la statistique (Insee) dans son « blog » en janvier 2023.
Il fait état d’une fécondité qui « dépasse largement la moyenne métropolitaine » avec 4,5 enfants par femme. La population « reste bien plus jeune qu’ailleurs en France », avec un âge moyen de 23 ans, contre 41 ans en France métropolitaine.
« Les trois quarts des bébés nés en 2023 ont une mère étrangère, souvent comorienne, mais plus d’un sur deux a au moins un de ses parents français », est-il précisé.
PIB et niveau de vie
Le niveau de vie médian des habitants de Mayotte est « sept fois plus faible qu’au niveau national », toujours selon l’Insee, qui cite des données de 2018 selon lesquelles la moitié de la population a un revenu médian inférieur à 3.140 euros par an, contre 25.210 euros en Ile-de-France ou 10.990 euros en Guyane.
« Conséquence de flux migratoires importants, une grande partie de la population vit avec très peu de ressources: 77% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté national, soit cinq fois plus qu’en France » métropolitaine, est-il indiqué.
Le produit intérieur brut (PIB) mahorais atteint 3.100 millions d’euros. « C’est le département français qui dégage le moins de richesse, même une fois rapporté au nombre d’habitants », le PIB par habitant étant ainsi « près de quatre fois inférieur au niveau national ».
« Le tissu économique, encore très informel, explique en partie la faible productivité » du département, détaille l’institut.
Les prix à la consommation ont augmenté de 1,9% entre octobre 2023 et octobre 2024, soit davantage qu’au niveau national (+1,2%).
Marché du travail
Le secteur marchand (commerce, transports, hôtellerie-restauration, immobilier, etc) « est peu développé », au contraire du secteur tertiaire non marchand (administration publique, enseignement, santé, action sociale) qui « concentre plus d’emplois qu’ailleurs en France », selon des données Insee de 2022.
Concernant le chômage, l’institut ne comptabilise pas Mayotte dans ses statistiques nationales publiées chaque trimestre, mais y consacre chaque année une « enquête emploi ».
En 2023, 29.000 personnes à Mayotte étaient au chômage au sens du BIT – c’est-à-dire sans emploi, qui en recherchent un activement et sont immédiatement disponibles – soit 37% de la population active. A titre de comparaison, le taux de chômage en France (hors Mayotte) s’est établi à 7,5% au dernier trimestre 2023.
A Mayotte, « département d’outre-mer le plus touché par le chômage », « depuis la sortie de la crise sanitaire, le taux de chômage augmente de 7 points, contrairement à la tendance nationale », résume l’Insee.
Entreprises
En 2023, les créations d’entreprises ont stagné, même si le micro-entrepreneuriat a poursuivi son essor (+19,7%), relève l’Insee.
La « dynamique » qu’avait connue l’activité économique de l’île au sortir du Covid s’est « peu à peu essoufflée » en 2023, complète l’Iédom, l’organe de la Banque de France dans les outre-mer, qui parle d’une « année de turbulences » avec des « chocs multiples » comme le renchérissement du coût du crédit, la « crise sécuritaire », l’opération de sécurisation contestée baptisée « Wuambushu » et les pénuries d’eau potable.
Selon une étude menée en 2023 par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Mayotte auprès de 254 entrepreneurs, 52% d’entre eux rapportaient un impact « très important » sur leur chiffre d’affaires de ces « crises » successives.
Au premier trimestre 2024, la CCI rajoute que Mayotte avait également été « paralysée par un mouvement social de 45 jours, perturbant l’économie en raison des barrages routiers. De nombreuses entreprises ont suspendu leurs activités à cause d’une pénurie de marchandises et de matières premières, et les travailleurs ont été confinés, réduisant l’offre et la consommation ».