Ces deux associations, Nord Nature Environnement et Protection du Territoire Seine-Escaut, contestent l’autorisation environnementale accordée en août par les préfectures du Nord, du Pas-de-Calais, de l’Oise et de la Somme à la majeure partie du canal, selon un communiqué diffusé par le collectif « MégaCanal non merci », dont font partie ces associations.
Le tribunal administratif d’Amiens a confirmé avoir été saisi le 6 décembre de ce recours. La décision n’interviendra pas avant plusieurs mois, au moins, a précisé le tribunal à l’AFP.
Ce projet de canal à grand gabarit de 107 kilomètres de long et 54 mètres de large doit relier Compiègne, dans l’Oise, à Aubencheul-au-Bac, dans le Nord. Sa mise en service est prévue pour l’instant en 2030.
Les deux associations estiment que le découpage en sections de ce chantier « pharaonique » et très coûteux pour l’attribution de ses autorisations environnementales « ne permet pas d’en évaluer l’impact environnemental global ».
Elles reprochent aussi au projet d’être fondé sur une hypothèse de réchauffement climatique de 1,4°C maximum, « ce qui minimise ses réels besoins en eau », de ne pas respecter la règlementation sur la protection des zones humides ou encore d’ignorer la présence d’une quarantaine d’espèces protégées.
Les associations pointent aussi l’absence de « recherche sérieuse de solutions alternatives, tant ferroviaires que fluviales ».
« On ne désespère pas de faire arrêter complètement le projet, qui repose sur un énorme mensonge consistant à dire qu’il y aura un report du transport routier sur le canal », alors que rien ne le prouve, a déclaré jeudi à l’AFP la présidente de Nord Nature Environnement, Francine Herbaut.
L’autorisation environnementale de la partie sud du canal, entre Compiègne et Passel, avait été accordée en avril 2021, permettant le lancement de travaux, comme le creusement d’un nouveau lit pour détourner une partie de la rivière Oise et laisser ainsi la place au canal.
Pour la partie nord, la commission d’enquête sur la demande d’autorisation environnementale avait remis un avis favorable cette année, tout en formulant certaines réserves et recommandations.
La Société du Canal Seine-Nord Europe (SCSNE) n’a pas souhaité commenter « une procédure en cours ».
Le coût de la construction du canal avait été évalué en 2019 à 5,1 milliards d’euros, avec des financements notamment de l’Union européenne (2,1 milliards d’euros), de l’Etat et des collectivités (1,1 milliard d’euros chacun). Il est actuellement « en cours de réévaluation » selon la SCSNE.