« C’est un symbole patrimonial énorme et ça ne passera pas! Les Ouessantins sont très remontés sur cette histoire », a déclaré mardi à l’AFP Élisabeth Coutrot, co-présidente de l’association Ouessant Vent de Bout’.
Mis en service en 1863, le phare du Créac’h, reconnaissable à ses bandes noires et blanches, signale l’entrée de la Manche aux navires venant de l’Atlantique, avec un feu portant à 30 milles nautiques (55,5 km).
Sa « modernisation » a été confirmée début janvier par la préfecture du Finistère, afin de supprimer le bain de mercure, sur lequel tourne son optique. Il s’agit d’un « enjeu sanitaire et environnemental », a rappelé la préfecture dans un communiqué publié mardi soir.
Mi-janvier, la commission nautique locale, composée de professionnels de la mer, a donné un avis positif au travaux.
Mais le remplacement de l’ancienne optique par un feu à LED devrait réduire la portée du phare à 19 milles (35 km). Un choix vivement critiqué par les Ouessantins, qui ont lancé une pétition « Sauvons le phare du Créac’h », ayant recueilli plus de 17.000 signatures en un mois, alors que l’île compte seulement 850 habitants.
« Quasiment tout le monde sur l’île a signé », assure Mme Coutrot, selon laquelle le changement d’optique est synonyme de « sécurité amoindrie ».
« A Ouessant, les marins naviguent à vue car il y a trop de récifs partout. Or, par temps de brume, la portée du feu va être amoindrie », dit-elle. En outre, « le phare est classé aux monuments historiques et sa signature lumineuse est unique au monde » avec ses huit faisceaux visibles à terre, avance-t-elle. « Il n’y a pas d’urgence, on peut trouver une solution alternative au mercure. »
Dans un communiqué diffusé mardi soir, la préfecture met en avant « l’impératif » qu’il y a à supprimer la cuve de 85 litres de mercure (soit plus d’une tonne), une substance chimique qui « peut causer de graves problèmes de santé ».
Le remplacement de la cuve de mercure par un autre système de roulement n’est en outre pas possible « au stade actuel des technologies », et ce en raison du poids de l’optique (environ 17 tonnes), selon la même source.
La préfecture souligne également que le « développement d’autres aides à la navigation », par satellites et radars notamment, « réduit le recours aux phares dans leur fonction d’aide au positionnement ».
Avec une portée réduite, ce phare viendra « en redondance » de trois autres phares (Sein, Stiff et Île Vierge), « quant aux besoins d’atterrissage et de jalonnement », souligne-t-elle.