Sur l’île d’Ouessant, vent de fronde contre la modernisation d’un phare

Brest, 28 jan 2025 (AFP) – « Ça ne passera pas! » Le phare du Créac’h, l’un des plus puissants d’Europe, risque de voir sa portée réduite par des travaux de modernisation, ce qui suscite une vive opposition sur la petite île d’Ouessant, à la pointe de la Bretagne.

« C’est un symbole patrimonial énorme et ça ne passera pas! Les Ouessantins sont très remontés sur cette histoire », a déclaré mardi à l’AFP Élisabeth Coutrot, co-présidente de l’association Ouessant Vent de Bout’.

Mis en service en 1863, le phare du Créac’h, reconnaissable à ses bandes noires et blanches, signale l’entrée de la Manche aux navires venant de l’Atlantique, avec un feu portant à 30 milles nautiques (55,5 km).

Sa « modernisation » a été confirmée début janvier par la préfecture du Finistère, afin de supprimer le bain de mercure, sur lequel tourne son optique. Il s’agit d’un « enjeu sanitaire et environnemental », a rappelé la préfecture dans un communiqué publié mardi soir.

Mi-janvier, la commission nautique locale, composée de professionnels de la mer, a donné un avis positif au travaux.

Mais le remplacement de l’ancienne optique par un feu à LED devrait réduire la portée du phare à 19 milles (35 km). Un choix vivement critiqué par les Ouessantins, qui ont lancé une pétition « Sauvons le phare du Créac’h », ayant recueilli plus de 17.000 signatures en un mois, alors que l’île compte seulement 850 habitants.

« Quasiment tout le monde sur l’île a signé », assure Mme Coutrot, selon laquelle le changement d’optique est synonyme de « sécurité amoindrie ».

« A Ouessant, les marins naviguent à vue car il y a trop de récifs partout. Or, par temps de brume, la portée du feu va être amoindrie », dit-elle. En outre, « le phare est classé aux monuments historiques et sa signature lumineuse est unique au monde » avec ses huit faisceaux visibles à terre, avance-t-elle. « Il n’y a pas d’urgence, on peut trouver une solution alternative au mercure. »

Dans un communiqué diffusé mardi soir, la préfecture met en avant « l’impératif » qu’il y a à supprimer la cuve de 85 litres de mercure (soit plus d’une tonne), une substance chimique qui « peut causer de graves problèmes de santé ».

Le remplacement de la cuve de mercure par un autre système de roulement n’est en outre pas possible « au stade actuel des technologies », et ce en raison du poids de l’optique (environ 17 tonnes), selon la même source.

La préfecture souligne également que le « développement d’autres aides à la navigation », par satellites et radars notamment, « réduit le recours aux phares dans leur fonction d’aide au positionnement ».

Avec une portée réduite, ce phare viendra « en redondance » de trois autres phares (Sein, Stiff et Île Vierge), « quant aux besoins d’atterrissage et de jalonnement », souligne-t-elle.

Voir les autres articles de la catégorie

ACTUALITÉS

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.