Dès son arrivée jeudi matin sur cette île de l’océan indien de 900.000 habitants, l’ancien Premier ministre s’est rendu à la sous-préfecture de Saint-Benoît, commune du nord-est du territoire parmi les plus touchées par le cyclone vendredi. Vendredi, des vents à plus de 200 km/h et de très fortes pluies orageuses ont frappé l’île, faisant cinq morts et six blessés dont trois grièvement, selon un dernier bilan.
« Il faut qu’on soit vite au rendez-vous, c’est le sens de ce déplacement », a affirmé le ministre.
« Des gens se retrouvent sans rien, leur vie a été balayée en quelques minutes. Les acteurs économiques et plus particulièrement le monde agricole, le coeur battant de la vie économique de La Réunion, ont beaucoup souffert, on va se mobiliser via les fonds de l’Etat et de l’Europe », a déclaré Manuel Valls, évaluant les dégâts « de 160 à 200 millions d’euros ».
A ses côtés, Patrice Selly, le maire de Saint-Benoît, commune la plus pauvre de l’île avec un taux de pauvreté de 47% et un chômage à 40% selon lui, a évoqué « des gens qui ont tout perdu », ce qui « crée des tensions dans les quartiers, les habitants s’impatientent ».
Présente lors de la déambulation du ministre dans les rues, Véronique de Cambiaire s’est agacée et a interrompu un échange entre Manuel Valls et des habitants. « Je suis la plus sinistrée de toute la ville », a-t-elle lancé.
« Il y a eu un cyclone dans ma pharmacie. Tous les médicaments ont valsé, tout les produits au frais ont dû être jetés. On a ni eau, ni électricité depuis le cyclone. On attend du ministre des Outre-mer qu’il nous aide », a raconté la pharmacienne.
– L’eau manque –
Manuel Valls doit faire des annonces, à l’issue de sa visite de deux jours, sur les dispositifs d’aide à la population et la reconstruction de ce qui doit l’être.
« A Saint-Benoît, l’épicentre du cyclone, on retrouve la nécessité du rétablissement de l’électricité, le sentiment d’accablement des habitants, il reste sur la commune du travail car plus de la moitié des Réunionnais qui n’ont pas l’électricité sont ici. L’eau manque également dans de nombreux foyers », a-t-il souligné.
Selon le maire, toutes les maisons de cette commune de 38.000 habitants ont eu des dégâts, avec près d’un millier de toitures arrachées. Il a, en outre, fait état de « trois à cinq écoles (…) primaires totalement détruites qui ne vont pas pouvoir rouvrir ».
Le ministre a demandé l’état de catastrophe naturelle et de calamité agricole « pour les 24 communes de La Réunion » – une commission se tient vendredi au ministère de l’Intérieur – plaidant pour que « ces dispositifs aillent vite ».
Le maire ne se fait guère d’illusion: « Il y a des dégâts qui vont nécessiter des mois de travaux. On est parti pour un bon moment pour la reconstruction ».
Directeur d’EDF à La Réunion, Dominique Charzat a relevé des dégâts sur les lignes jamais vus depuis 50 ans, avec douze lignes hautes tensions impactées et 21 pylônes tombés. Ce sont 180.000 foyers qui ont été privés d’électricité après le cyclone, ajoute-t-il, précisant que 94% de la population réunionnaise avait été réalimentée mercredi soir.
L’agriculture vivrière a été considérablement endommagée, le cyclone détruisant des hectares de champs, notamment de bananes et d’ananas.
« Tout a été pulvérisé, même le tracteur », a assuré Sarah Salah-aly, agricultrice à Saint-Benoît, qui cultive essentiellement de la canne à sucre, un peu de letchi et de bananes sur 40 hectares.
« Toutes les cannes, en croissance ont été courbées, cassées. Il n’y a plus un seul bananier. Je n’ai plus rien. On attend beaucoup de la visite du ministre. On a déjà subi un cyclone l’an dernier, suivi d’une forte sécheresse et maintenant ce cyclone, c’est une catastrophe », déplore-t-elle.
Vendredi, Manuel Valls doit visiter une exploitation maraîchère à Salazie (centre-nord).