Les députés pointent du doigt les conditions de vie des saumons dans ces élevages à forte densité, mais aussi les rejets entraînés, qui représentent selon eux une menace sur les plans écologique et économique – notamment pour la pêche, ou l’ostréiculture dans les zones concernées.
« Il y a en ce moment deux gros projets industriels de fermes-usines à saumons qui menacent les côtes françaises », Pure Salmon en Gironde, et Local Ocean dans le Pas?de?Calais, a déclaré mardi lors d’une conférence de presse la députée LFI Anne Stambach-Terrenoir.
« On est sur des projets complètement démesurés », qui prévoient autour de « 10.000 tonnes de saumon par an », a-t-elle ajouté, affirmant que « dans le monde, la moyenne pour ce type d’installation c’est plutôt 2.000 tonnes ».
Elle plaide pour que des études scientifiques analysent les conséquences potentielles de tels projets.
Des députés des groupes macroniste EPR, Liot (indépendants), Les Républicains (LR), MoDem, socialiste et écologiste ont co-signé le texte, dont la présidente de la commission du développement durable Sandrine Le Feur (EPR).
Les élus espèrent son inscription à l’agenda lors d’une semaine dédiée aux textes transpartisans, ce qui devra être décidé en conférence des présidents.
La proposition de loi entend instaurer un moratoire de dix ans « sur la délivrance des autorisations environnementales (…) pour les élevages de saumons dont la totalité du grossissement », soit de la naissance à l’abattage, est prévue dans des bassins en « circuit fermé ».
Ce mode d’élevage – qui serait inédit en France, selon des associations -, utilise une technologie de recirculation de l’eau. Mais il entraînerait des rejets « considérables » en milieu naturel d’azote, de phosphore, et d’eau chaude, selon les élus.
« Si demain on déverse dans nos eaux côtières des eaux qui sont polluées parce que chargées en nutriments, (…) en virus, on voit ce que ça a généré ces dernières années avec des huîtres qui ne sont pas bonnes à la consommation », a alerté le député écologiste Damien Girard, craignant des destructions d’emploi.
La France étant un des pays les plus consommateurs de saumons, c’est aussi « l’occasion de reposer la question de quel type de produits de la mer on consomme », a-t-il estimé.