Guadeloupe : des organisations anticolonialistes demandent des réparations aux descendants des propriétaires d’esclaves

Pointe-à-Pitre, 30 avr 2025 (AFP) – Des organisations indépendantistes et anticolonialistes de Guadeloupe ont annoncé mercredi vouloir demander des réparations « matérielles et financières » aux descendants des propriétaires d’esclaves de cette île des Caraïbes.

Ces organisations veulent « sommer les descendants d’esclavagistes à s’engager dans un processus d’excuses et de réparations en lien avec l’esclavage et la colonisation », a déclaré le militant indépendantiste et anticolonialiste Luc Reinette lors d’une conférence de presse.

Elles ont annoncé qu’elles allaient envoyer des courriers aux descendants des familles qu’elles estiment redevables.

En 2021, des chercheurs du CNRS avaient dressé la liste des anciens propriétaires d’esclaves de l’empire colonial français, ainsi que la somme reçue par chacun d’entre eux.

Le 30 avril marque la date anniversaire de la « loi d’indemnisation » de 1849 des propriétaires d’esclaves de l’empire colonial, à La Réunion, en Martinique, Guadeloupe, Guyane, au Sénégal et à Nosy Bé, ainsi qu’à Sainte-Marie de Madagascar.

L’Etat français a versé de l’argent, après l’abolition de l’esclavage en avril 1848, à ces propriétaires en dédommagement de la perte des esclaves considérés à l’époque comme « un bien patrimonial ».

Les colons menaçaient alors de quitter les territoires: l’Etat français leur a versé 126 millions de francs or, sous formes de versements immédiats et de rente annuelle de 6 millions de francs or, sur 20 ans, selon les historiens.

« Aujourd’hui, cela veut dire plus de 3.500 milliards d’euros », chiffre Jean-Jacob Bicep, de l’Union populaire pour la libération de la Guadeloupe.

« On parle de vie chère, de monopoles dans tous les secteurs économiques, de possessions foncières, mais ce sont toujours les mêmes grandes familles qu’on retrouve », rappelle-t-il.

Il dénonce aussi « les castes coupées des peuples des territoires » qui seraient à l’oeuvre chez les « békés et les Blanc-Pays ».

« On voit qu’un mouvement a lieu en Caraïbe : à Barbade il y a eu des excuses des anciens colons, les anciennes puissances coloniales entament des réflexions autour du sujet des réparations », souligne Luc Reinette.

« Auprès de l’ONU, la question est régulièrement traitée. En France, silence radio », déplore-t-il, interrogé sur la temporalité de cette demande qui intervient 15 jours après l’annonce d’une commission d’historiens sur la dette haïtienne par Emmanuel Macron.

Les recours juridiques ont été exploités, rappellent les organisations militantes guadeloupéennes: « on a demandé réparation à l’Etat colonial français, mais il n’est pas seul à nous devoir réparation », a déclaré Jacqueline Jackeray, présidente du Comité international des peuples noirs.

« Il ne peut pas y avoir de réconciliation sans justice », ajoute-t-elle.

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