Les deux principaux partis non-indépendantistes, les Loyalistes et le Rassemblement-LR, ont fustigé dans un communiqué commun une décision « incompréhensible et choquante », prise « à 16.000 kilomètres » par « des magistrats éloignés de la réalité tragique » vécue par les Calédoniens.
Ils y voient le fruit « de nombreuses pressions politiques et militantes » et le symptôme de « la coupable faiblesse d’une justice métropolitaine manifestement indifférente à l’ampleur des souffrances que nous avons endurées ».
Le président du gouvernement calédonien, Alcide Ponga (Rassemblement-LR), a lui dénoncé une « justice injuste » et un décalage « inacceptable » avec la souffrance des victimes des émeutes de mai 2024, dont Christian Tein est accusé d’être l’instigateur avec la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), dont il est le leader.
« La justice abdique face à l’intimidation et aux compromis politiques », a-t-il écrit sur Facebook.
À l’opposé, les élus indépendantistes ont salué une décision « attendue ».
Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), dont Christian Tein est devenu le président alors qu’il était en détention, a exprimé sa « profonde émotion » et sa « grande satisfaction », estimant que le dossier était marqué par « les discours haineux et revanchards » de certains responsables non-indépendantistes.
Le mouvement, principale alliance indépendantiste, appelle ses militants à « ne pas céder à la provocation », tout en annonçant qu’il statuera dans les prochains jours sur sa participation aux discussions institutionnelles à venir.
La question du retour de Christian Tein à la table des négociations devrait y être évoquée, alors qu’Emmanuel Macron souhaite réunir les responsables calédoniens à Paris début juillet. « La présence de Christian Tein aux discussions est clairement inenvisageable », a d’ores et déjà prévenu le député non-indépendantiste Nicolas Metzdorf.
Indépendantistes toujours, les parlementaires Emmanuel Tjibaou et Robert Xowie ont salué un « retour au droit » et une « victoire morale, politique et humaine », estimant que les mis en cause ont été injustement « traités en prisonniers politiques ».
De son côté, le parti non-indépendantiste modéré Calédonie ensemble a estimé que « justice doit être rendue », appelant à un « procès équitable » tout en fustigeant les réactions martiales des Loyalistes et du Rassemblement-LR.
La cour d’appel de Paris a ordonné jeudi la remise en liberté sous contrôle judiciaire de Christian Tein et de plusieurs militants de la CCAT, poursuivis pour leur rôle présumé dans les émeutes de mai 2024. Ils étaient incarcérés dans l’Hexagone depuis juin 2024. Ils restent sous le coup d’une interdiction de séjour en Nouvelle-Calédonie et de contact avec d’autres mis en cause.