Ce programme, baptisé « Alliance des Virunga » a été lancé en 2008 pour une durée de douze ans et est actuellement en pleine phase de développement.
Le but, selon ses promoteurs, est de « favoriser la paix et la prospérité à travers le développement économique responsable des ressources naturelles pour quatre millions de personnes » vivant aux alentours du parc national des Virunga.
Créé en 1925 sous la colonisation belge, ce joyau classé au patrimoine mondial de l’humanité s’étend à la frontière avec l’Ouganda et le Rwanda, dans la province du Nord-Kivu (Est de la RDC), une des régions les plus densément peuplées du pays et ravagée par vingt ans de conflits.
Abîmé par la déforestation, le braconnage et les combats, le parc voit son avenir menacé depuis que l’on soupçonne sa partie sud de receler des gisements de pétrole.
Après une intense mobilisation locale et internationale, la société britannique Soco a annoncé le 11 juin qu’elle renonçait à forer dans l’enceinte du parc, comme l’avait fait avant elle le groupe français Total.
Pour les défenseurs des Virunga, la menace n’est cependant pas écartée, et l’Unesco vient d’exhorter une nouvelle fois le gouvernement de Kinshasa à annuler les permis d’exploration pétrolière sur le territoire du parc qu’il a émis en 2010.
Pariant sur un investissement de 150 millions de dollars, l’Alliance des Virunga réunit l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), qui gère le parc, des organisations de la société civile et des communautés locales.
– Gorilles et volcan –
Elle bénéficie de financements de bailleurs étrangers comme l’Union européenne ou la Fondation Howard Buffett, du fils du milliardaire américain Warren Buffett, et poursuit quatre objectifs: production d’énergie durable, pêche durable, agro-industrie et tourisme.
A Matebe (environ 50 kilomètres au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu), la construction d’une centrale hydroélectrique bat son plein. Le chantier a pu commencer en décembre 2013, un mois après la défaite de la rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23), qui contrôlait la zone.
La centrale dévie la rivière Rutshuru et doit produire 12,6 MW à partir de fin 2015, de quoi fournir de l’électricité à 140.000 personnes et leur permettre d’abandonner le charbon de bois produit très souvent à partir d’arbres abattus illégalement dans le parc.
Le chantier emploie actuellement près de 175 personnes, recrutées en grande majorité localement.
L’ingénieur Angelus Katembo touche 450 dollars par mois. « C’est confortable », dit-il. Les ouvriers non-qualifiés gagnent 3 dollars par jour. Comme Kasereka Batsholi, maçon, ils sont d’abord contents d’avoir trouvé du travail, dans un pays où les deux tiers de la population vit dans une misère extrême.
Une micro-centrale est déjà entrée en production près de Beni, dans le Nord du Nord-Kivu. Elle permet d’alimenter une usine de production d’huile de palme.
A Rumangabo (50 km au nord de Goma), l’Alliance des Virunga devrait bientôt apporter de l’eau à la population.
« Nous sommes très contents », dit Richard Saïdi, alors que les habitants doivent habituellement parcourir 6 kilomètres à pied pour trouver « de l’eau propre ».
Flambant neuf, le « lodge » de Rumangabo, qui peut accueillir 24 personnes, n’a guère servi. Il a rouvert en janvier, après la chute du M23, et l’activité redémarre très lentement.
Les rares touristes peuvent déjà aller observer les gorilles des montagnes, espèce en voie de disparition. A la réception, on espère que la situation sécuritaire permettra de reprendre bientôt l’ascension du volcan Nyiragongo, l’une des nombreuses merveilles du parc.
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