Le bâtiment – inauguré vendredi avec quelque 4.000 personnes lors d’une soirée mondaine frisant l’implosion – fait d’emblée figure de fleuron architectural dans le petit Etat où des tours hétéroclites sans originalité ont accaparé la ligne d’horizon au fil des décennies.
Le britannique Norman Foster, lauréat de centaines de récompenses à travers le monde, signe le long d’un quai un bâtiment de 200 mètres de long, épuré et élégant, parfaitement intégré au site, avec des baies vitrées tournées vers le port et la mer. Les immenses terrasses en bois exotique à tous les étages (4.000 m2 auxquels s’ajoutent 5.000 m2 d’espaces intérieurs distribués par un escalier hélicoïdal) donnent réellement la sensation de se promener sur les ponts d’un navire amarré.
Reste que le célèbre Lord Foster, présent vendredi pour une dernière inspection de son oeuvre, semblait presque éclipsé de son triomphe, soigneusement mis à l’écart des sollicitations médiatiques à l’exception notamment d’une télévision affiliée aux montres Rolex (partenaire du lieu)… Réflexe d’un micro-Etat désireux de se positionner à l’international, mais obsédé par le contrôle de la communication.
Car la soirée se voulait à l’honneur des 1.300 membres de 66 nationalités, dont ces messieurs vêtus du traditionnel uniforme du « yachtsman », blaser bleu marine sur pantalons blancs. Ils ont salué l’arrivée par bateau de leur président, le souverain Albert II, venu hisser le pavillon du club et introniser 80 nouveaux membres.
Mais le bâtiment d’un coût de 114 millions d’euros a surtout été conçu pour devenir un nouveau point de rencontre international pour l’industrie du yachting, avec des espaces privés, dont un bar sur le toit décoré en hommage à Carlo Riva, constructeur des mythiques bateaux en bois Riva.
Le prince Albert II a rappelé l’esprit du club, basé sur « l’art de vivre la mer », lors d’un discours inaugural. « Le nouveau bâtiment va accroître l’attractivité de la principauté et contribuer au dynamisme économique du pays », a-t-il toutefois insisté, en évoquant une industrie de la grande plaisance en pleine croissance. « Avec ses 2 km2, Monaco est un acteur clef de ce secteur, qui occupe la 3ème place mondiale dans le brockerage », a-t-il précisé.
Le « brockerage » (courtage de yachts) et la gestion de yachts génère en principauté un chiffre d’affaire de 157 millions d’euros. Plus généralement, Monaco compte quelque 120 établissements spécialisés dans différents domaines et organise en septembre un incontournable salon international de méga-yachts.
Cinq chambres doubles (600 euros par nuitée) pourront accueillir des invités en escale. Car des yachts en location pourront venir provisoirement s’amarrer près du club pour réceptionner la clientèle.
« Cela existe dans la plupart des grands clubs, dont la mecque absolue le Royal Yacht Squadron sur l’Ile de Wight au Royaume-Uni, qui dispose de douze chambres, ou encore le yacht club de Porto Cervo en Sardaigne (20 chambres) », explique Bernard d’Alessandri, directeur du Yacht Club de Monaco. « On était en retard, on change de dimension ».
Les grands yachts sont quasiment tous loués par leurs armateurs qui les utilisent en réalité deux ou trois semaines par an, rappelle le responsable, dont l’objectif est de faire partir 200 yachts annuellement, tout en organisant davantage de régates et d’événements nautiques.