Les tortues marines pondent à l’endroit où elles ont vu le jour, mais migrent ensuite vers d’autres lieux pour se nourrir, parcourant parfois des milliers de kilomètres, explique à l’AFP Jérôme Bourjea, responsable des projets « tortues marines » à la station de La Réunion de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer.
« On a beau protéger toutes les tortues de nos îles françaises, si elles vont manger par exemple à Madagascar où elles peuvent par ailleurs être braconnées, en termes de conservation la France pourra employer tous les moyens qu’elle veut sur ses territoires, ça ne sera pas suffisant pour les protéger », souligne-t-il lors d’un entretien téléphonique.
Les tortues marines de l’océan Indien sont classées espèces menacées et inscrites sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).
Ce sont plus de 120 tortues vertes ayant l’habitude de pondre dans les territoires français de l’océan Indien et 25 tortues caouannes transitant par les eaux françaises de ces territoires que les scientifiques de l’Ifremer et leurs partenaires de l’observatoire des tortues marines Kélonia ont équipé de balises Argos depuis 2007 avec l’objectif d’en suivre 200 à l’horizon 2015.
« On s’est aperçu que les tortues vertes pouvaient aller dans beaucoup de pays différents avant de se stabiliser sur leur site d’alimentation », explique Jérôme Bourjea, précisant qu’après 3 à 5 ans elles rebroussaient chemin pour rejoindre leur lieu de ponte.
Les chercheurs de l’Ifremer se sont ainsi aperçus que les tortues vertes qui pondent dans les îles Eparses, grains de corail administrés par la France et éparpillés autour de Madagascar ou à Mayotte –à La Réunion, il n’y a quasiment plus aucune tortue qui pond– parcourent des centaines voire des milliers de kilomètres en quelques semaines pour aller se nourrir principalement dans le nord du Mozambique, le sud et le nord-ouest de Madagascar et le sud de la Tanzanie.
« Le rôle de la France c’est désormais de pousser ces pays à mieux protéger les tortues qui viennent se nourrir chez eux », estime Jérôme Bourjea.
Les trajets des tortues peuvent être suivis en direct sur le site de l’Ifremer de La Réunion wwz.ifremer.fr/lareunion.