Moins d’algues vertes en Bretagne, davantage ailleurs

Contrairement à la Bretagne, « les quantités d’algues vertes sont plus importantes, comparé aux autres années, en Normandie, certains secteurs des Pays de Loire, dont Noirmoutier, ainsi que sur le littoral de Charente, en particulier Oléron et Ré », constate Sylvain Ballu, chercheur au CEVA.

« Dès la mi-mai, on avait des quantités plus importantes sur ces secteurs » (hors Bretagne) mais « ce ne sont pas des ulves qui viendraient de Bretagne et qui auraient essaimé vers la Normandie ou le littoral atlantique », précise le chercheur.

En revanche, sur la Bretagne, et « malgré les disparités géographiques, l’importance des échouages est de 50 à 60% inférieur aux années précédentes. C’est la cinquième année consécutive avec des niveaux historiquement bas.

Par ailleurs, sur 13 années d’observation, « c’est aussi l’année où les ulves sont apparues le plus tardivement: pratiquement rien au printemps et, dans certains secteurs habituellement précoces, des échouages notables seulement depuis août ».

La prolifération estivale des algues vertes, des algues tout à fait naturelles – et dont seul le pourrissement est dangereux pour la santé en raison des émanations d’hydrogène sulfuré qui s’en dégagent dans ce cas – est liée à une conjonction de facteurs.

A court terme, la prolifération est liée aux conditions météorologiques. « Sur les baies bretonnes, la houle hivernale favorise la dispersion des stocks d’algues de l’année précédente, qui sont davantage +digérées+ et l’hiver passé a été très agité (…) De plus, des températures de l’eau basses en hiver et au printemps induisent des retards du démarrage des proliférations, ça ralentit la croissance », explique M. Ballu. La pluviométrie et le débit printanier et estival des cours d’eau jouent également un rôle important par les apports de nitrates qui y sont liés, indispensables aux proliférations.

En Normandie et au sud de la Loire, les proliférations sont de nature différente. Les algues y font une majorité de leur croissance fixées aux roches. Sur ces sites, les conditions hiver/printemps 2014 (température clémente de l’eau et printemps lumineux) ont favorisé une prolifération précoce.

Sur le long terme, la réduction de la concentration en azote dans les rivières est essentielle. »Mais c’est un peu plus compliqué que de dire aux agriculteurs: +il faut arrêter de mettre trop d’azote+ », tempère Sylvain Ballu. « Sur les bassins versants les plus sensibles, pour diminuer fortement les teneurs en nitrate, il faudra aller au-delà et mettre en oeuvre des pratiques agricoles adaptées: couverture des sols en hiver, désintensification, etc… »

Pour expliquer les évolutions contradictoires en Bretagne et dans les régions voisines, le chercheur avance d’autres éléments, outre « la nature différente des proliférations et les évolutions différentes de la qualité de l’eau sur les territoires: « la sensibilisation (à la lutte contre les algues vertes) plus ancienne en Bretagne qu’ailleurs. Et une prise de conscience beaucoup plus récente dans des secteurs comme Noirmoutier ou l’île de Ré ».

Mais, indépendamment des efforts réalisés, « il y a des injustices, selon la configuration du littoral et la nature géologique des bassins versants », relève-t-il. « En fait, il faudrait des modèles de production agricole adaptés à la sensibilité de chaque milieu », considère le chercheur.

Pour la Bretagne, souligne Sylvain Ballu, « ces résultats sont porteurs d’espoir ». Les efforts passés et en cours commencent à porter leurs fruits, même si les marées vertes restent toujours possibles à l’avenir, en fonction des épisodes climatiques. « Mais la tendance de fond est là ».

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