« Le bilan de cette réunion est très négatif, très inquiétant », a réagi à la sortie de la préfecture des Bouches-du-Rhône à Marseille Pierre Maupoint de Vandeul, délégué CFE-CGC, soulignant la volonté réitérée de l’ensemble des actionnaires, « y compris l’Etat », d’aller au redressement judiciaire.
« Un temps considérable a été perdu, on devrait avoir des garanties sur le volet social, mais Transdev (le principal actionnaire de la SNCM) ne veut pas s’avancer », a renchéri Maurice Perrin, lui aussi de la CFE-CGC.
Proposée par le médiateur Gilles Bélier, la date du 18 novembre pour une nouvelle réunion de médiation –alors que la réunion de mardi devait clore un cycle entamé au lendemain d’une grève de 17 jours fin juillet– « a été acceptée par tous les participants », a souligné M. Perrin.
Mardi après-midi à l’Assemblée nationale, le secrétaire d’Etat aux Transports Alain Vidalies avait à nouveau plaidé pour le redressement judiciaire de la compagnie, le qualifiant même de « probabilité forte dans un proche avenir ».
Le lancement d’une telle procédure, demandée par les deux actionnaires principaux de la SNCM – Transdev et l’Etat – mais rejeté par les syndicats, doit permettre de « sauver un maximum d’emplois, grâce au maintien de la délégation de service public (DSP) dans la transmission au repreneur », a déclaré Alain Vidalies.
La délégation de service public pour assurer la continuité territoriale avec la Corse, un marché de plus de 600 millions d’euros, a été attribuée à la SNCM jusqu’en 2022.
La question de sa transmissibilité à un éventuel repreneur a justement été évoquée au cours de la réunion en préfecture, a souligné M. Maupoint de Vandeul, évoquant les « grandes inquiétudes » à cet égard: « Aller au redressement judiciaire sans garantie sur la DSP, c’est un toboggan vers la liquidation ».
-« Ni la peste, ni le choléra »-
Transdev (coentreprise de Veolia et de la Caisse des Dépôts), qui détient 66% du capital de la compagnie maritime, contre 25% à l’Etat et 9% aux salariés, s’était engagé à ne pas saisir le tribunal de commerce avant la fin initiale de la médiation, le 31 octobre.
« Le moratoire a été prolongé jusqu’au 18 novembre », a déclaré à l’issue de la réunion de mardi Frédéric Alpozzo, représentant CGT des marins. « Nous ne voulons ni le redressement judiciaire, ni la liquidation, ni la peste, ni le choléra », a-t-il tonné, assurant que « d’autres solutions d’intérêt général étaient possibles ».
Mais les actionnaires et la direction maintiennent que le placement en redressement judiciaire est la seule solution pour éponger son passif financier (14 millions d’euros de perte en 2012) et s’affranchir des condamnations de Bruxelles.
Début septembre, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a en effet confirmé la condamnation de la SNCM à rembourser 200 millions d’euros d’aides de l’Etat jugées illégales. Et la compagnie maritime reste en outre toujours sous la menace d’une obligation de rembourser également 220 millions d’euros reçus de l’Etat au titre de la délégation de service public pour la période 2007-2013.
Les actionnaires assurent que seul le recours au tribunal de commerce permettrait de sauver la compagnie d’une liquidation pure et simple, et attirer les potentiels candidats à une reprise des actifs de la société, dont la société américaine Baja Ferries.
Transdev pourrait ainsi demander à la SNCM le remboursement de ses créances dès les premiers jours de novembre, afin de provoquer ce placement en redressement judiciaire.
Une source proche de Transdev avait indiqué, début octobre, que « la trésorerie de la SNCM permet à peine de passer la fin de l’année » –une affirmation contestée mardi soir par M. Perrin, qui a assuré « qu’on pouvait largement aller jusqu’à l’année prochaine » en termes de trésorerie et que les conditions d’une cessation de paiements n’étaient « pas réunies aujourd’hui ».
La direction de la SNCM a également opté pour la solution du redressement, mais son analyse est vigoureusement contestée par les syndicats, qui estiment qu’une telle opération ne les prémunira pas contre des condamnations européennes mais permettra en revanche aux actionnaires de faire un plan social à moindre frais.
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