Long de quelque 4.600 km, l’oléoduc « Énergie Est » doit permettre d’acheminer le brut extrait en Alberta (ouest) vers les marchés européens, à raison d’un débit de 1,1 million de barils par jour dès la fin 2018.
Pour devenir réalité, il doit cependant être approuvé par l’Office national de l’Énergie (ONE), un organisme fédéral indépendant, à qui TransCanada a remis jeudi les conclusions de « 18 mois d’études environnementales complètes, de travaux d’ingénierie et de consultations publiques », a indiqué le groupe canadien dans un communiqué.
L’ONE a désormais 15 mois pour se prononcer.
D’une valeur de 12 milliards de dollars canadiens, ce projet « constituera l’accès le plus sécuritaire et efficace aux marchés étrangers pour la production pétrolière croissante du Canada », a assuré le PDG de TransCanada Russ Girling.
Son entreprise souhaite modifier et inverser le cours de 3.000 km d’un gazoduc déjà existant, mais surtout construire un nouveau segment de 1.600 km s’étendant du sud de Montréal au port de Saint-Jean, sur le littoral du Nouveau-Brunswick (sud-est), via l’estuaire du Saint-Laurent où un terminal pétrolier serait bâti, à Cacouna.
Des travaux préliminaires menés à Cacouna, afin d’évaluer la profondeur des eaux en vue d’accueillir des super-pétroliers, ont été suspendus en septembre par la justice. Saisi par des groupes de défense de la nature, un tribunal avait pointé les nuisances engendrées par TransCanada sur la population de bélugas, une baleine arctique en voie de disparition qui se reproduit autour des rivages de cette bourgade québécoise.
Après avoir déjà remis il y a deux semaines une première série de propositions, le transporteur d’hydrocarbure a soumis jeudi aux autorités québécoises « une étude d’impact environnemental » portant sur le terminal pétrolier projeté à Cacouna. TransCanada espère ainsi être autorisée à reprendre ses travaux préliminaires au plus vite.
L’entreprise bute toutefois sur une vive opposition des municipalités riveraines et des associations environnementales qui s’inquiètent des conséquences qu’aurait un tel port sur les bélugas.
Pour l’industrie pétrolière, cet oléoduc est crucial tant les infrastructures manquent pour transporter le brut de l’Ouest canadien. Énergie Est a été imaginé en réaction aux réticences de Washington qui rechigne à autoriser un autre projet oléoduc d’envergure, Keystone XL qui doit relier les sables bitumineux d’Alberta aux raffineries américaines du golfe du Mexique.