« Nous sommes rassemblés devant le siège de la société depuis 8h15 hier (jeudi) » pour « dénoncer le mode d’approvisionnement de cette marque leader sur le marché français », a expliqué à l’AFP Isabelle Philippe, l’une des militantes de l’organisation.
Du côté de Petit Navire, on souligne que la situation est « calme » même si les forces de l’ordre sont présentes « en raison de la proximité avec l’ambassade de Turquie et d’autres bâtiments officiels ».
La société, qui produit notamment du thon en conserve, est accusée par l’ONG d' »utiliser des dispositifs de concentration du poisson » dits « DCP », attirant dans leurs filets « tout un écosystème », notamment « des thons, des requins, des raies ou des tortues », allant jusqu’à pêcher « les jeunes thons qui ne se sont pas encore reproduits ».
Ce dispositif est une sorte de radeau flottant abritant de multiples cavités dans lesquelles de petits poissons vont se réfugier et deviennent des proies faciles. Les thoniers surveillent ensuite ces radeaux équipés de GPS et déploient autour des filets de plusieurs kilomètres qui vont ramasser toutes les espèces sans distinction.
« Nous sommes très ouverts au dialogue avec Greenpeace mais il n’y a pas de confiance possible entre eux et nous car ils trompent les gens avec des données fausses », a déclaré à l’AFP Amaury Dutreil, directeur général de l’entreprise, faisant référence à une enquête de Greenpeace dans laquelle Petit Navire apparaît comme l’une des sociétés les moins performantes en matière de pêche durable de thon.
« Nous avons des pratiques de pêche respectueuses des espèces », affirme le directeur général. Sans contester le fait que Petit Navire utilise « pour les deux tiers » de ses prises des « DCP », Amaury Dutreil précise que seuls 5 à 7% correspondent à des prises accessoires non voulues et qui sont ensuite revendues sur des marchés locaux « sans que cela ne pose problème ». « Moins d’1% des prises concernent des espèces en danger », ajoute-t-il.
Pour lui, ce dispositif est par ailleurs en « constante amélioration », avec « de nouveaux filets qui évitent par exemple que les requins ne s’étranglent ».
« Petit Navire s’est fixé pour objectif d’avoir 100% de DCP écologiques (respectueux des espèces, ndlr) à la fin de l’année 2015 », ajoute M. Dutreil, sans pouvoir préciser le niveau actuel.
Concernant la pêche au thon dans l’océan Indien, le directeur général de l’entreprise affirme que la situation des stocks dans cette zone est « très bonne », contrecarrant les critiques de Greenpeace.
Une enquête de l’ONG publiée en septembre établissait un classement, sur la base de plusieurs critères (l’état des stocks des espèces pêchées, les techniques de pêche, etc.), des 10 premières marques de thon présentes sur les étals français.
Arrivé huitième au classement, Petit Navire s’était alors dit « surpris » par les informations de Greenpeace, les jugeant « incohérentes » et assurant que « 80% de (son) poisson provient d’espèces et d’océans où les niveaux de stocks sont considérés comme sains par les scientifiques ».