Selon l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS), « ces résultats sont les premiers à démontrer la présence de microplastiques chez un poisson d’eau douce ».
L’étude menée par l’INERIS, avec l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA), a porté sur 812 individus mâles et femelles issus de 33 sites répartis sur plusieurs cours d’eau français. Elle montre que « 10% des goujons analysés sont contaminés par des microplastiques » de nature diverse (microfibres, microbilles, fragments).
Les microplastiques sont des particules de plastique de moins de 5 mm, issues notamment des produits d’entretien, des cosmétiques, des fibres synthétiques.
« Il y a bien une contamination des goujons, de l’ordre de 10%, comparable à la fourchette dans les milieux marins », essentiellement par des fibres et des microbilles, a déclaré le responsable de l’unité Ecotoxicologie de l’INERIS, Jean-Marc Porcher, au cours d’une conférence de presse.
Selon des études, les niveaux de contamination en milieu marin vont de 2% à 40% selon les espèces, rappelle l’INERIS.
L’institut a choisi le goujon comme « espèce sentinelle » car ce petit poisson sédentaire, qui accomplit tout son cycle de vie en eau douce, est très répandu dans les cours d’eau européens. Il vit sur le substrat sableux ou graveleux des fonds de rivières.
D’autres études n’ont pas constaté de contamination chez d’autres espèces de poissons d’eau douce (brème, gardon, brochet…), malgré la présence de microplastiques dans l’eau ou le sédiment.
L’institut avance une explication possible: le goujon « pourrait être plus exposé à l’ingestion de microplastiques » parce qu' »il se nourrit non pas dans la colonne d’eau mais en fouillant le sable et les graviers au fond du cours d’eau ». « Il est plus exposé aux microplastiques qui sont sur le sol », explique M. Porcher.