En réalité, le ton monte véritablement depuis 2009. En janvier, le séminaire sur la sécurité dans le Grand Nord organisé en Islande a fait prendre un « virage arctique » à l’OTAN qui n’a pas plu à la Russie. Cette dernière a annoncé que l’Alliance n’avait rien à faire dans ce secteur et qu’elle ne faisait qu’entraver la coopération entre les États riverains. Neuf mois plus tard, l’amiral américain James Stavidris, commandant de l’Alliance, déclarait que l’Arctique pourrait être le théâtre d’un futur conflit avec la Russie.
Pour autant, l’Alliance ne cesse de répéter qu’elle n’a aucun plan visant à assurer sa présence dans cette région car plusieurs pays membres y ont leurs propres intérêts (États-Unis, Canada, Danemark et Norvège). Mais le fait que ces pays fassent également partie de l’OTAN préoccupe Moscou qui cherche à étendre sa présence dans cette zone et qui se heurte régulièrement aux autres pays arctiques. Dans la ligne mire de Dimitri Rogozine, représentant permanent russe auprès de l’OTAN, le déploiement massif de l’US Navy en Arctique est perçu comme une tentative de rompre l’équilibre stratégique entre la Russie et les États-Unis.
Parallèlement, la Russie élargit sa politique de coopération militaire. En mars 2012, elle a mené des exercices de défense antimissiles avec l’OTAN (qui avaient été suspendus par l’Alliance à la suite de la courte guerre du Caucase en 2008). Moscou a même indiqué qu’elle était prête à renouveler ces entraînements conjoints. Les relations entre les deux parties semblent donc se détendre, pour preuve les exercices navals Russie-États-Unis qui se sont récemment déroulés dans le cadre du Rim of the Pacific (une première pour la Russie qui cherche aussi sa place dans le Pacifique). C’est en tout cas le point de vue du secrétaire général de l’OTAN, Anders Rasmussen, qui a déclaré que la coopération avec la Russie était une réalité. Une manière de rassurer sans doute, car Moscou est de son côté fermement résolue à mener sa politique arctique jusqu’au bout. Le Kremlin vient en effet d’annoncer la dotation à sa marine de 20 sous-marins nucléaires d’ici 2020. Certains d’entre eux serviront notamment à renforcer la présence russe et à sécuriser les activités économiques dans le Grand Nord.