« Au cours des derniers mois j’ai eu la chance de partager, en compagnie de deux autres plongeurs et amis, un des lieux de prédilection du grand requin blanc. Même si cela fait près de 3 ans que je parcours le monde à la rencontre des requins, la perspective d’entrer dans le territoire du grand blanc sans autre protection que mon caisson photo et une très grande vigilance, vous colle le trac. En une semaine nous avons passé près de 8 heures dans l’eau en leur compagnie et, sur les 25/30 requins différents croisés, un seul a fait preuve d’agressivité à notre égard. Il nous a littéralement chargé à plusieurs reprises et, seule notre connaissance des réactions appropriées et notre sang froid nous ont permis d’éviter un accident.
A contrario nous avons pu vivre des moments très ludiques avec une femelle adulte de 4,5m de long et d’un poids de plus d’une tonne, non seulement elle nous a acceptés mais elle nous a invités à l’accompagner dans ses déplacements à proximité du bateau.
Dans toutes les rencontres un comportement prudent et responsable est indispensable, nous faisons face au premier prédateur marin, ne l’oublions pas.
J’ai la chance d’avoir pu photographier ces rencontres très différentes, quelques images assez explicites vous attendent ci-dessous.
Une fois de plus il est essentiel d’arrêter les jugements à l’emporte-pièce et de dire: le requin blanc ceci, le requin blanc cela,… Il y a autant de différence entre un requin blanc et un autre qu’entre deux individus. Nous avons nos personnalités, ils ont les leurs. En conséquence les décisions prises tant en Australie qu’à la Réunion d’abattre, de façon non discriminatoire, un nombre X de requins, est totalement inadaptée à la réalité. Ce serait comme si, suite à un accident de la route avec délit de fuite, nous décidions d’exécuter les 20 premiers conducteurs rencontrés….
La réponse se situe à 2 niveaux :
d’une part, un investissement important dans l’étude approfondie, sur le terrain, des comportements des communautés de requins potentiellement dangereux et le marquage d’une part représentative de leur population dans les zones à risques. Les requins plus agressifs sont identifiables, leur comportement est sensiblement différent de celui de la grande majorité d’entre eux.
D’autre part l’information et la formation indispensables de l’ensemble des utilisateurs des espaces habités par ces prédateurs, et la mise en place de règles pour entrer dans certaines zones à risque.
L’exemple des « shark spotters » dans la région de Cape Town est intéressante. Les « shark spotters » sont des volontaires placés sur les points dominants des principales plages. Ils ont été formés au repérage des requins et sont chargé de donner l’alerte dès que l’un d’eux s’approche de la plage permettant d’y hisser le drapeau appelant les baigneurs à sortir de l’eau.
Il faut aussi accepter qu’il n’y a pas de solution » zéro risque », que nous devrons partager cet espace, leur espace, et que c’est à nous de nous adapter et pas l’inverse.
Ce texte succinct annonce un travail plus approfondi sur ce sujet qui fera l’objet d’un livre qui devrait être disponible en 2013
Voir: www.shark-revolution.com