Le 5 octobre 2012, l’ambassade de Chine à Paris a repris une information diffusée la veille par l’agence Chine nouvelle (Xinhua) pour affirmer que l’industrie maritime traditionnelle ne cessait de se développer en Chine et que l’économie maritime était devenue un nouveau moteur de croissance. D’après certains observateurs, ces informations optimistes ne correspondent pas à la réalité du moment, le transport maritime et la construction navale étant en très mauvaise posture.
Le 4 octobre 2012, le ministère du Territoire et des Ressources a publié des données selon lesquelles le secteur a connu une croissance annuelle de 13,5% sur la période 2006-2010, surpassant le taux de croissance global du pays. La production totale a atteint 4 560 milliards de yuans (720 millions de dollars) l’an dernier, soit plus du double de 2006. Avec une production comptant pour 9,7% du PIB du pays l’an dernier, le secteur maritime a par ailleurs employé plus de 34,2 millions de personnes.
Selon le gouvernement chinois, l’industrie maritime traditionnelle a continué de se développer. La Chine a désormais la plus grande capacité de transport maritime du monde, ses 20 ports principaux ayant chacun une capacité moyenne de transit de marchandises de plus de 100 millions de tonnes par an. La Chine est également le premier constructeur de bateaux du monde, exportant des navires vers 169 pays et régions.
Les industries maritimes émergentes, telles que les projets de centrales électriques marées-motrices et éoliennes offshore sont soit en pleine commercialisation, soit en phase de tests. D’autres nouvelles tendances, telles que l’extraction de minerais des fonds marins, ou encore l’industrie des services de loisirs maritimes, se développent également rapidement, selon le ministère. Le communiqué rappelle que la Chine compte près de 32 000 km de côtes, plus de 6 500 îles et îlots, et administre environ 3 millions de kilomètres carrés d’eaux territoriales.
Le transport maritime au creux de la vague
La crise européenne et la baisse de la croissance en Chine pourraient augmenter la pression sur les compagnies maritimes avant la fin de l’année. Un rapport de Drewry Shipping Consultants estime que les entreprises maritimes commerciales ont perdu près de 5 milliards de dollars en 2011. En février cette année, le Baltic Dry Index, qui suit les coûts de transport maritime en vrac de matières sèches, a atteint son plus bas niveau depuis 25 ans. Les données officielles publiées plus tôt ce mois-ci montrent que la production industrielle chinoise a ralenti de 9% en août 2012, taux le plus faible en plus de trois ans. La stagnation de la croissance aux Etats-Unis et en Europe a impacté le commerce chinois, affectant les prévisions économiques. Selon les experts, les performances de l’industrie maritime vont de pair avec l’état de l’économie chinoise.
Tim Huxley, PDG de Wah Kwong maritime transport commente la situation en ces termes : « Cela fait 30 ans que je fais ce travail, et c’est une des pires crises que j’ai vue. Je pense que les experts dans ce domaine pourraient comparer cette crise à celle de 1985, date de troubles majeurs. »
De son côté, Pradeep Rajan, l’un des responsables d’Asia Pacific and Middle East Shipping estime que l’industrie maritime est en situation délicate en ce moment, et ce principalement à cause du ralentissement de l’économie chinoise. Il précise à ce sujet : « Nous avons vu les importations chinoises baisser d’environ 2,6% année après année, ce qui veut dire que pas assez de fer, de minerai de fer, de charbon ou de pétrole entrent dans le pays. »
Le 21 septembre 2012, le président de China Ocean Shipping (Group) Company (COSCO Group), Wei Jiafu, évoquant la situation dans le transport maritime, a déclaré : « Nous devons coopérer et ne pas être en conflit, mais dans une concurrence loyale. Certains armateurs ne sont pas assez prévoyants. Ils essaient toujours de baisser les prix pour gagner des parts de marché. » Il a rappelé les conditions difficiles de l’industrie maritime qui a enregistré une chute brutale des taux de fret du fait de l’action conjuguée de la surcapacité du marché et du ralentissement du commerce international. La société contrôlée par l’Etat a affiché une perte nette au premier semestre de 50%, soit 4,87 milliards de yuans (771,7 millions de dollars), son plus mauvais résultat depuis 2005. M. Wei a indiqué que Cosco prenait des mesures pour réduire les coûts, notamment par la restructuration des divisions du groupe. Tout en se voulant confiant pour l’avenir, le PDG de Cosco estime que les prochaines années seront encore à la baisse.
L’incidence de la chute de la construction navale
Mais les problèmes de l’industrie maritime viennent aussi de l’intérieur. Beaucoup d’armateurs qui ont commandé de nouveaux navires pendant le boom de 2007-2008, avant que l’économie mondiale ne ralentisse, font désormais face à des problèmes de surcapacité. Les chantiers de construction navale asiatiques ont pris de plein fouet les effets de la crise économique mondiale et tout particulièrement de la dette dans la zone euro. Seules 75 commandes ont été passées à travers le monde au mois de juillet 2012, l’équivalent de 3,3 millions de tonnes. Selon le cabinet britannique Clarkson, cela représente une baisse de presque deux tiers en glissement annuel. Les constructeurs asiatiques doivent également gérer l’excès de commandes passées pendant les périodes fastes, de nombreux clients hésitant à prendre livraison de leurs navires. Les constructeurs chinois, sud-coréens et japonais, les plus importants du secteur, ne peuvent échapper aux conséquences. Durant les 7 premiers mois de l’année, les commandes reçues par les constructeurs chinois ne représentaient que 50% des chiffres de 2011. Les experts estiment que l’industrie des chantiers navals en Asie doit s’attendre à de prochaines restructurations dans les mois qui viennent, les capacités de production excessives devant être éliminées. Source : China Central Television (CCTV.com)
Source : Ambassade de Chine en France