Privé de président depuis la démission récente de Gérard d’Aboville, le Conseil Supérieur de la Navigation de Plaisance reste malheureusement silencieux sur ce sujet si important. La Fédération des Industries Nautiques (FIN), l’Union Nationale des Associations de Navigateurs de Plaisance (UNAN), la Fédération Française des Ports de Plaisance (FFPP) et la Fédération Nationale des Pêcheurs Plaisanciers (FNPP) se sont, en revanche, exprimées avec force pour dénoncer les conséquences administratives et économiques de la mise en place d’une telle redevance qui est en réalité un nouvel impôt discriminatoire.
Le Yacht-club de France est bien sûr solidaire de ce plaidoyer. Mais il nous apparaît qu’au-delà de ces arguments, c’est la relation future des Français avec la mer qui est en jeu.
Nous estimons à près de cinq millions le nombre de navigateurs pratiquant régulièrement la plaisance au large de nos côtes à bord de six cent mille navires actifs immatriculés à la plaisance. Représentant tous les milieux sociaux – la plaisance n’est pas un loisir de riches, mais de passionnés – ils constituent aujourd’hui la part la plus importante des acteurs maritimes de nos zones littorales. Ils contribuent largement à l’entretien de la connaissance précieuse et intime de nos approches maritimes. Loin de les mettre en péril, ils sont dans leur très grande majorité les ardents défenseurs des valeurs que porte la pratique de la mer : responsabilité, solidarité, initiative, respect de l’autre et de la mer.
Ces valeurs s’acquièrent par une véritable imprégnation dans la durée au sein des éléments marins naturels, la mer, la côte, le vent, la houle, les marées et les courants avec lesquels il leur faut composer, sans possibilité de tricher. Le mouillage sur rade naturelle est partie intégrante et nécessaire de cette navigation. Il est la respiration du plaisancier. L’assujettir à un impôt peut être comparé sans forcer le trait à une improbable taxation du droit de respirer en certains lieux.
L’extension programmée par nos gouvernements de la superficie de nos Aires Marines Protégées est une très bonne chose. S’il vous plaît, Mesdames et Messieurs les parlementaires, ne les transformez pas en musées en dissuadant les navigateurs de plaisance de les pratiquer ! Vous feriez disparaître de précieux ambassadeurs d’une culture maritime dont notre pays a tant besoin.
Yves Lagane,
Président du Yacht Club de France