« Un avion japonais a repéré sept navires militaires chinois (…) à 49 km au sud-sud-est de l’île de Yonaguni à 07H00 du matin (22H00 GMT lundi). Ils faisaient route vers le nord, depuis l’Océan Pacifique en direction de la mer de Chine orientale », a expliqué à l’AFP un responsable du ministère.
Selon ce responsable, le groupe est composé de deux destroyers, dont un lance-missile, deux frégates, deux navires de secours pour sous-marins et un navire de ravitaillement.
« Nous sommes en alerte et maintenons notre surveillance de la zone avec des navires et des avions, et nous continuons à collecter des informations sur les mouvements de ces bâtiments », a déclaré le ministre de la défense Satoshi Morimoto.
C’est la première fois depuis trois semaines que des navires chinois sont repérés dans la zone. Ce « passage » intervient en pleine tension bilatérale à propos de la souveraineté sur les îles Senkaku, situées un peu plus au nord en mer de Chine orientale.
Ces petites îles inhabitées sont administrées par Tokyo mais revendiquées avec force par Pékin sous le nom de Diaoyu.
« Coincée » par la longue chaîne des îles Okinawa, la marine chinoise ne peut que passer près de cet archipel pour sortir de mer de Chine orientale vers l’océan Pacifique, et inversement.
Il existe toutefois des routes maritimes qui permettent de rester éloigné des eaux qui jouxtent directement la zone exclusive des eaux territoriales japonaises.
La tension est montée au début septembre lorsque le gouvernement japonais a décidé de nationaliser plusieurs de ces îles, en les achetant à leur propriétaire privé nippon.
Pékin avait immédiatement décidé d’envoyer six navires vers l’archipel, tandis que démarrait une semaine de manifestations antijaponaises, parfois violentes, à travers la Chine, visiblement avec l’approbation tacite des autorités.
Ces manifestations ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans des dizaines de villes, dont Pékin, jusqu’à la mi-septembre, contraignant de grands groupes japonais, notamment automobiles, à provisoirement stopper leur production totalement ou partiellement.
Depuis lors des navires de surveillance maritime et de l’administration des pêches chinoises sont entrés plusieurs fois dans les eaux territoriales de ces îles – soit à moins de 22 km de leurs rivages -, tout comme des bateaux des garde-côtes de Taïwan qui les juge siennes également.
Outre ces répercussions économiques, cette crise bilatérale a considérablement alourdi le climat politique et diplomatique entre les deux premières puissances de la région: Pékin a décidé de ne pas envoyer son ministre des finances ni le gouverneur de sa banque centrale au sommet du FMI la semaine dernière à Tokyo.
Fin septembre la Chine avait également « suspendu », dans la réalité annulé, les célébrations qui devaient marquer le 40ème anniversaire de la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays.
Le jour prévu de cette célébration, le 29 septembre, le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi, avait accusé le Japon d’avoir « volé » ces îles, depuis la tribune de l’ONU.
C’est dans ce climat que dimanche des médias japonais ont fait état de prochaines manoeuvres navales nippo-américaines dont le thème est de reprendre par la force une île occupée par des envahisseurs étrangers.
Les gouvernements japonais et américains auraient cependant émis des réserves quant à l’opportunité d’un tel scénario vu les circonstances.