« Trois minutes à peine après le choc, le commandant Schettino a la certitude d’avoir un trou dans la coque et d’avoir embarqué tellement d’eau qu’elle empêche l’accès à la salle des machines », selon un rapport d’experts cité par les médias italiens, qui a été au centre d’une deuxième audience technique consacrée à l’accident.
Le commandant Francesco Schettino mis en cause pour naufrage, homicides par imprudence et abandon de navire, aurait dû informer immédiatement l’équipage pour « lui permettre d’affronter la situation d’urgence et coopérer pour assurer la sécurité des passagers », ont estimé les experts.
Dix personnes — Schettino, six membres d’équipage et trois dirigeants de Costa Crociere, propriétaire du navire et filiale du groupe américain Carnival — font l’objet d’une enquête pour le naufrage le 13 janvier du paquebot de croisière Concordia. Les audiences techniques servent à établir les responsabilités et éléments de preuve avant un renvoi en justice formel, qui n’est pas attendu avant la fin de l’année.
L’audience a aussi été l’occasion d’analyser un rapport de la capitainerie du port de Livourne montrant que Costa Crociere n’a alerté les garde-côtes que 51 minutes après la collision en violation des règles maritimes.
« Même quand le contact a été établi, la situation n’était pas conforme à ce que le capitaine avait relaté », selon le rapport cité par l’agence Ansa.
Lundi, lors de la première audience technique, la pression était montée sur la compagnie quand des avocats de victimes avaient estimé que Schettino n’était que « le bouc émissaire » de Costa qui voulait éluder ses propres responsabilités.
La défense de Costa Crociere a continué mardi à rejeter l’essentiel de la faute sur le commandant.
Un porte-parole a rappelé que Costa avait donné son accord à ce que le paquebot passe à cinq milles marins (environ 9 km) du Giglio mais que la décision de naviguer tout près de l’île et à grande vitesse pour une parade tous feux allumés dite de « salut » (« inchino ») a été prise par Schettino.
Une fois que le navire avait heurté les rochers à la suite de l’erreur du commandant, la compagnie ne pouvait plus rien faire, selon la défense de Costa.
« La dimension du trou sur la coque du Concordia était énorme, les compartiments étanches ont été noyés en quelques minutes et l’unité de crise n’a rien pu faire » pour assister le paquebot, « devenu ingouvernable 45 à 50 secondes après l’accident car les systèmes étaient en avarie », a déclaré Marco De Luca, l’avocat de Costa.
Quant à la fameuse manoeuvre « miraculeuse » que Schettino affirme avoir effectuée pour rapprocher le navire du rivage, un amiral cité à l’audience a souligné qu’elle n’était due qu' »à la chance car le navire était hors de contrôle ».
Concernant l’indemnisation des passagers, Costa a indiqué dans un communiqué que, sur les 3.050 passagers qui n’ont souffert d’aucun problème physique après le naufrage, « environ 67% ont accepté le dédommagement proposé » pour une somme moyenne de 14.000 euros.
Selon Costa, « environ 10% » des passagers ont porté plainte contre elle.
A propos de l’épave, le site Tgcom24 a affirmé qu’une enquête a été ouverte à Grosseto sur des soupçons de vols de bijoux, montres et tableaux qui auraient appartenus à des passagers. Mais Pierdonato Vercellone, porte-parole de Costa, a souligné que le paquebot est surveillé par des patrouilles de police et des vigiles privés payés par la compagnie.
« Nous n’avons pas entendu parler de vols même si nous ne pouvons pas l’exclure », a déclaré le vice-président de Carnival, Franco Porcellacchia, en avertissant que plonger dans l’épave est « extrêmement dangereux ».
Le Costa Concordia (114.500 tonnes) s’était échoué sur des rochers à quelques dizaines de mètres de l’île du Giglio avec à son bord 4.229 personnes, dont 3.200 touristes.
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