Conséquence du réchauffement, les dauphins s’invitent au menu des ours polaires

Lors de recherches dans l’archipel norvégien du Svalbard (Spitzberg) dont il vient de publier les résultats dans la revue Polar Research, Jon Aars, expert en ours blancs de l’Institut polaire norvégien, a observé et photographié en avril 2014 un ours se nourrissant de dauphins à nez blanc.

Ces cétacés ne figurent normalement pas au menu des ursidés qui se nourrissent principalement de phoques.

« Il est probable que de nouvelles espèces apparaissent dans l’alimentation de l’ours polaire à cause des changements climatiques, parce que de nouvelles espèces poussent vers le nord », a déclaré M. Aars à l’AFP.

Si cette espèce de dauphins fréquente ces eaux septentrionales l’été lorsque la banquise a fondu, il est rare qu’elle y soit observée en hiver ou au printemps, saisons où la mer est généralement recouverte de glace.

Mais, selon les chercheurs norvégiens, la quasi absence de glaces hivernales dans la région ces dernières années a pu y attirer les dauphins, lesquels ont sans doute été piégés par une apparition soudaine de banquise en avril.

Selon M. Aars, l’ours a vraisemblablement capturé les deux dauphins alors que ceux-ci étaient remontés pour respirer dans un petit trou de la banquise: « Même s’ils ont vu l’ours, les dauphins n’avaient pas nécessairement d’autre choix », a-t-il dit.

L’ours, un vieux mâle visiblement famélique, a dévoré l’un des deux cétacés et, autre fait rarement observé, a enseveli l’autre sous la neige.

« Nous pensons qu’il a essayé de recouvrir le dauphin de neige dans l’espoir qu’il y ait moins de chances que d’autres ours, renards ou oiseaux le trouvent, pour peut-être pouvoir le manger un ou deux jours plus tard, une fois le premier digéré », a avancé M. Aars.

Après ces premières observations, cinq autres cas de dauphins échoués ou capturés puis dévorés par des ours ont été rapportés, a-t-il ajouté.

« Je ne pense pas que cela soit révélateur d’un grand bouleversement » dans l’alimentation du carnivore, a estimé le scientifique. « C’est juste que l’ours polaire côtoie des espèces qu’il n’avait jusqu’à présent pas l’habitude de côtoyer ».

Trônant tout en haut de la chaîne alimentaire, l’ours blanc est un prédateur opportuniste qui peut aussi se nourrir de petites baleines comme la baleine blanche ou le narval si l’occasion se présente.

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