Le commandant d’EU Navfor Med, l’amiral Enrico Credendino, a proposé aux 28 Etats membres de l’UE de passer à une phase plus offensive, deux mois après le lancement de cette mission jusqu’ici cantonnée à la surveillance depuis les eaux internationales de ces réseaux qui opèrent au départ des côtes libyennes.
« Sur la base de son évaluation militaire, il a proposé de passer à la deuxième phase de l’opération en suivant le droit international applicable, ce qui voudrait dire, à ce stade, opérer en haute mer », a déclaré mardi une porte-parole de l’UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ray.
Concrètement, dans le cadre de cette deuxième phase, les navires de guerre européens pourront arraisonner, fouiller, saisir et dérouter des navires suspectés de servir aux passeurs, mais à condition de ne pas entrer dans les eaux territoriales libyennes.
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, soutient l’amiral Credendino dans cette démarche, a précisé Mme Ray lors d’un point de presse.
Mme Mogherini présidera jeudi à Luxembourg une réunion informelle des ministres européens de la Défense, puis des Affaires étrangères vendredi et samedi, ce qui permettra de sonder les positions des 28 Etats membres.
« Il n’y a pas franchement à ce stade de réserve pour passer à cette phase », a indiqué à l’AFP une source diplomatique.
« Un groupe de pays est franchement pour », a précisé de son côté l’ambassadeur d’un pays membre, qui a demandé à rester anonyme, mais le représentant d’un autre Etat membre a lui réclamé « un argumentaire plus développé » avant de pouvoir décider.
Cette montée en puissance suppose que plusieurs bâtiments de guerre, équipés d’hélicoptères et d’avions de surveillance, viennent renforcer l’opération. A ce stade, quatre navires – un vaisseau amiral italien, un britannique et deux allemands – participent à la mission EU Navfor Med.
La décision formelle, suivie du lancement de cette deuxième phase, pourrait intervenir en octobre.
L’Union européenne avait décidé de mettre cette mission sur pied après un naufrage dramatique au large de la Libye qui avait coûté la vie à 700 personnes en avril.
EU Navfor Med est censée in fine détruire les embarcations utilisées par les trafiquants au plus près des côtes libyennes, notamment les « bateaux mères » qui servent à tracter en haute mer des radeaux de fortune chargés de migrants, et arrêter des suspects.
Mais, en l’absence d’une résolution du Conseil de sécurité autorisant l’usage de la force dans les eaux territoriales libyennes, les Européens sont obligés de limiter pour l’heure leur action aux eaux internationales.
Lors de leurs patrouilles en Méditerranée, les navires de l’opération ont participé cet été à neuf opérations de secours de barques de migrants en difficulté, contribuant à sauver du naufrage 1.400 personnes, a affirmé Mme Ray.