Soulignant la « personnalité exceptionnelle » de celui qui fut Premier ministre de François Mitterrand de 1988 à 1991, le président a évoqué le long parcours d’un homme encarté depuis soixante-dix ans qui « a réformé la France et, à force de persévérance, parfois en avance sur son temps, a porté des textes iconoclastes devenus lois de la République ».
« Vous avez changé l’Etat, vous l’avez rendu moins centralisé, plus juste », a-t-il souligné. « Vous avez cherché à apaiser la société et réformer la France. Nul besoin de rupture pour réformer. C’est l’apaisement qui produit la réforme et c’est la réforme qui produit l’apaisement », a ajouté le président devant un parterre de 200 invités parmi lesquels Manuel Valls et le ministre de l’Economie Emmanuel Macron.
« Vous rêviez d’un pays où l’on se parle de nouveau, d’une politique qui serait attentive à ce qui est dit et non à qui la dit. C’est toujours d’actualité, et j’ajouterai : hélas ! ». Le qualifiant de « rêveur idéaliste et de réformiste radical », M. Hollande l’a érigé en « exemple » pour tous les gouvernants.
M. Hollande a résumé la politique incarnée par M. Rocard : « le +parler vrai+ quand vous avez modernisé la gauche, puis la +méthode Rocard+ quand la gauche a été réformée, puis le citoyen du monde », en référence à sa fonction d’ambassadeur de France chargé de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique.
Rappelant son unique candidature à un scrutin présidentiel en 1969, M. Hollande a plaisanté : « Ce sera la première et la dernière fois. Je dis la dernière : je devrais être prudent ! », suscitant des rires.
Dans sa réponse au chef de l’Etat, procédure inhabituelle dans une telle cérémonie et voulue par M. Hollande, Michel Rocard, 85 ans, a plaidé pour le « retour de la parole et du dialogue ».
« Aucun de ces mots : +contrat+, +négociation+, +accord+, +convention+ n’apparaît dans notre Constitution, comme si le mot +négociations+ était imprononçable, vulgaire », a-t-il déploré.
« Le capitalisme sait et peut produire pour tous mais il ne le fait pas. (…) Dominer le capitalisme est un devoir pour le socialisme », a-t-il ajouté en présence de son épouse Sylvie et de ses quatre enfants et de nombreuses personnalités telles Lionel Jospin et Jean-Louis Borloo.