Favori depuis que le procureur de la République de Marseille s’était prononcé en sa faveur début novembre, Patrick Rocca partait pourtant de loin. La faute, entre autres, à son passé judiciaire. Celui-ci avait même fait tiquer le procureur Brice Robin lors d’une précédente audience, en mars, au cours de laquelle il avait évoqué des « condamnations gênantes au regard de l’ordre public économique ».
Début novembre, en se prononçant en sa faveur, M. Robin avait dit en « espérer la droiture dans la gestion de ses différents patrimoines professionnels et personnels ».
Le chef d’entreprise a été condamné en février 2014 par le tribunal correctionnel d’Ajaccio à trois mois de prison avec sursis et 100.000 euros d’amende pour escroquerie, abus de bien social et faux et usage de faux — une peine qui n’entraînait toutefois pas d’incapacité à gérer une entreprise et ne faisait donc pas obstacle à la reprise de la SNCM, a finalement estimé le parquet en requérant en sa faveur.
En 2010, M. Rocca avait été aussi condamné à 10 mois de prison pour détention d’arme –un fusil d’assaut chargé avait été découvert dans les locaux de sa société, dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat d’un de ses proches. Patrick Rocca n’avait toutefois pas été incarcéré et avait porté un bracelet électronique.
« J’ai un passé, il faut l’assumer, je l’assume », commente laconiquement l’entrepreneur quand il évoque la question de son passé judiciaire.
Né le 10 mai 1965 à Ajaccio, Patrick Rocca est à la tête d’un groupe comportant 27 sociétés. A l’origine de la société, une activité de transports de marchandises, créée en 1989, qui fait d’elle, selon les informations qu’il a communiquées pendant la procédure, le 3e client de la SNCM.
Son groupe s’est ensuite développé vers d’autres secteurs, traitement de déchets, immobilier, BTP. Il est notamment, toujours selon ses déclarations, derrière plusieurs programmes immobiliers pesant quelque 550 millions d’euros de travaux en Corse.
Au total, le groupe Rocca a réalisé un chiffre d’affaires de 81 millions d’euros pour un résultat net de près de 8 millions d’euros en 2014 et emploie 634 salariés, faisant de lui le premier employeur privé de Corse, revendique-t-il.
Les détracteurs de Patrick Rocca évoquent sa proximité supposée avec le président PRG de l’exécutif corse Paul Giacobbi, candidat à sa succession lors des élections territoriales de décembre en Corse. Sur sa liste, en 8e position, figure la compagne de l’entrepreneur.