Le préfet, Stéphane Bouillon, « a signé le lundi 28 décembre 2015 un arrêté autorisant la société Altéo à continuer à exploiter à compter du 1er janvier 2016 ses usines sur le site de Gardanne et autorisant, pour une durée de six ans, le rejet dans la mer d’effluents aqueux dépassant les limites réglementaires », indique le communiqué.
Il y a quelque mois, la demande d’une poursuite de rejet par l’industriel avait déclenché la colère de plusieurs associations de défense de l’environnement et de riverains, qui dénoncent depuis des années la toxicité des rejets d’origine, les boues rouges, interdits au 1er janvier 2016. Les défenseurs de l’environnement craignent qu’une nouvelle autorisation de rejet ne remette en cause le statut même du Parc national des Calanques, une aire de protection créée en 2012.
Altéo affirme avoir amélioré son procédé de production et ne plus avoir besoin de déverser des rejets solides, les boues rouges, mais uniquement des effluents liquides.
« Il s’agit de rejet d’effluents liquides, chimiques toxiques et radioactifs, c’est toujours le dossier des boues rouges même si les rejets n’en n’ont plus la couleur », a indiqué à l’AFP Alain Matési, président de l’association « CoLLecT-IF environnement ».
« Ce n’est pas du tout un traitement mais un prétraitement. C’est transparent mais une eau claire n’est pas une eau propre », dit M. Matési.
Pour l’industriel, la décision préfectorale « confirme l’arrêt définitif de tout rejet de boues rouges en mer » et « permet le maintien de l’activité industrielle de l’usine ».
Cela « va permettre à l’usine d’engager les recherches et développements pour améliorer la qualité des rejets liquides », a indiqué Frédéric Ramé, le président d’Altéo dans le communiqué.
« Un premier défi a été relevé, arrêter le rejet des boues rouges avant le 1er janvier 2016. Nous entendons relever un second défi, celui de la qualité des rejets liquides d’ici au 31 décembre 2021 », est-il indiqué.
Depuis près de 50 ans, ce site de production d’alumine (qui sert à fabriquer de l’aluminium) situé à Gardanne, près d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), bénéficie d’un droit d’expédier en mer des résidus, à 7 km au large de Marseille et Cassis. Plus de 20 millions de tonnes de boues rouges ont été ainsi déversées sur les fonds marins de la fosse de Cassidaigne.
Fin novembre, la ministre de l’Écologie Ségolène Royal avait déclaré qu’elle n’était « pas favorable au renouvellement » de l’autorisation de rejet, rassurant pour un temps les riverains et associations de défense de l’environnement. L’association CoLLecT-IF, avait demandé à la ministre de saisir le Conseil d’État, afin que la plus haute juridiction administrative donne un avis « sur la question du domaine public maritime ».