« Ni haine, ni esprit de vengeance », mais le deuil d’un mari « qu’elle a tant aimé », et l’espoir que « les responsabilités seront distribuées de façon juste »: c’est ainsi que Me Lionel Moroni a décrit l’état d’esprit de sa cliente, Evelyne Colombo.
Celle qui a vu le corps de son mari Christian Colombo jeté à la mer sous ses yeux, avant d’être enlevée et retenue pendant 48 heures par les pirates, n’a rien voulu dire à la presse avant de prendre place dans la salle de la cour d’assises.
La veuve de 58 ans a gardé les yeux fixés droit devant elle quand sept jeunes hommes, la plupart vêtus de vestes de survêtement, ont été amenés sur sa gauche dans le box des accusés.
Agés d’entre 20 et 35 ans, les accusés, qui sont jugés pour « détournement de navire ayant entraîné la mort », crime passible de la perpétuité, ont décliné leur identité et profession via une interprète.
« J’étais pêcheur à l’époque où il y avait du poisson en mer », a dit par exemple Fahran Abdisalam Hassan. La surpêche et la pollution sont souvent accusées d’avoir épuisé les eaux au large de la Somalie, et d’avoir encore appauvri ce pays ravagé par la guerre.
Pour les avocats des accusés, ce procès est aussi celui de la misère et des effroyables conditions de vie en Somalie.
Le couple de retraités du Var avait tout vendu pour s’embarquer à bord du « Tribal Kat » et faire le tour du monde. Après deux ans de voyage, ils se sont engagés à la fin de l’été 2011 dans le golfe d’Aden, une zone à haut risque de piraterie.
Le catamaran a émis le 8 septembre 2011 un signal de détresse. Une frégate allemande l’a trouvé peu après, déserté et maculé de sang.
Deux jours plus tard, un navire de guerre espagnol a repéré l’embarcation des pirates et donné l’assaut, libérant Evelyne Colombo.