« Mon cousin serrait le requin avec sa main qui était dans la gueule du requin, pour que le requin ne déchire pas son bras ; après, je suis arrivé derrière lui, je l’ai attrapé, lui et le requin, pour que le requin ne s’agite pas et ne déchire pas son bras » a témoigné l’un d’entre eux, Hoatua Iotua.
Les deux Polynésiens pêchent au fusil-harpon dans une passe récifale de Makemo lorsqu’un requin gris de récif d’environ deux mètres tente de manger un poisson fléché par Hoatua Iotua. Son cousin, Teva Tokoragi, essaie d’éloigner le requin avec son propre fusil, mais la flèche part et transperce le squale au niveau de l’aileron.
Il leur semble sonné par la blessure, et les deux pêcheurs tentent d’extraire leur flèche. Mais le requin se réveille et charge Teva Tokoragi. Après une lutte intense, les deux pêcheurs atteignent leur barque, mais le bras de Teva est coincé entre les deux mâchoires du requin. Avec son autre main, il s’accroche au bateau. Hoatua frappe à plusieurs reprises sur la gueule du requin, qui finit par lâcher prise.
Teva, déjà mordu au bras et au mollet, parvient à se hisser dans la barque. Son cousin tente de le rejoindre. « J’ai commencé à monter sur le bateau, mais il est revenu sur mon genou, donc je suis tombé dans la mer et j’ai eu un autre combat avec le requin : je l’ai encore attrapé pour ne pas qu’il déchire mon genou », a raconté Hoatua.
Tandis qu’il maintient la tête du requin, Teva tente de lui couper la queue pour l’affaiblir. Mais le Polynésien a déjà perdu beaucoup de sang et n’a plus d’énergie.
Hoatua parvient enfin à ouvrir la gueule du requin : « j’ai poussé sa tête vers le bas et j’ai vite sauté sur le bateau ». Les deux hommes regagnent leur village, où ils sont pris en charge par les infirmiers du dispensaire.
Teva Tokoragi, le plus gravement touché, a été évacué lundi par avion vers l’hôpital du Taaone, à Tahiti. Il a aussitôt été opéré. Hoatua Iotua a été suturé à Makemo et rejoindra le même hôpital jeudi par un vol régulier.
Les attaques de requins sont très rares en Polynésie française, alors que pêcheurs et plongeurs côtoient au quotidien de nombreuses espèces. Plusieurs scientifiques ont rappelé que ces attaques sont toujours dues à des « comportements à risques » des humains.