Les grévistes dénoncent des problèmes de sécurité sur le port, mais les entrepreneurs y voient un « conflit de personnes » et le gouvernement local une « grève politique ». « Il n’y a plus la place pour débarquer les conteneurs d’un autre bateau », a déclaré à l’AFP Patrick Galenon, secrétaire général de la CSTP-FO, syndicat majoritaire sur le port, qui revendique « 400 grévistes » parmi les dockers et les transporteurs, soit 100% du personnel dans certaines sociétés, et demande « des actions immédiates et non des réunions ». Les grévistes ne laissent sortir du port que les médicaments, animaux et denrées périssables. Mais ces sorties se font au compte-gouttes et certains conteneurs sont « déjà perdus », selon les entrepreneurs. « On est les otages d’un conflit qui nous dépasse, puisque c’est un conflit entre personnes », selon Gilles Yau, président de la Fédération Générale du Commerce (FGC), qui va « déposer un référé pour que l’Etat réquisitionne le personnel gréviste ». Après 14 jours de grève, la perte pour l’économie locale est estimée à près d’1,9 million d’euros par jour, en pleine rentrée scolaire en Polynésie française.
Après plusieurs tentatives de négociations, la situation s’est tendue mardi et mercredi. Le gouvernement a accusé Patrick Galenon d’avoir laissé sortir les conteneurs de la société de son fils. Certains syndicalistes sont soupçonnés d’être payés pour fermer les yeux sur des sorties de marchandises pendant la grève.
Le syndicat estime avoir été « insulté » et a quitté la table des négociations à plusieurs reprises.
La direction du port estime que la principale revendication du syndicat est la levée de toute sanction envers un délégué syndical licencié pour faute lourde après un trafic de drogue. « C’est un protocole délirant où en clair, la CSTP-FO nous demande de nous asseoir et d’accepter toutes ses revendications », affirme ainsi Mario Banner, directeur du port autonome de Papeete. « On a l’impression que c’est vraiment une affaire politique contre le gouvernement actuel, or nous n’avons pas oublié que la fille du leader de la CSTP-FO était sur la liste du Tavini Huiraatira (parti d’opposition, ndlr) », estime quant à lui le président de la Polynésie française, Gaston Flosse. « C’est une honte, c’est un sabotage de l’économie, des entreprises et de l’emploi qui n’avait vraiment pas besoin de ça dans cette période de crise », selon Jérôme Mainguet, un entrepreneur membre de la FGC. ML/cgd/nas