Le Stena Carrier, cargo battant pavillon danois, et armé par une nouvelle compagnie baptisée Corsica Linea, a été bloqué par des marins grévistes, malgré l’appel de la CGT et de son principal responsable Frédéric Alpozzo à respecter une décision de justice rendue vendredi et ordonnant aux marins CGT de l’ex-SNCM de libérer les accès du port, sous astreinte de 30.000 euros par infraction constatée.
Vers 17H00 samedi, il n’avait pas tenté de nouveau passage et était toujours au mouillage face à l’Estaque, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Les marins de l’ex-SNCM et de La Méridionale – deux compagnies qui se partagent à l’heure actuelle la délégation de service public (DSP) de continuité territoriale entre la Corse et le continent- sont en grève depuis mardi contre le lancement de cette nouvelle ligne.
Depuis mardi, des grévistes de l’ex-SNCM, passée cette semaine dans le giron du groupe corse Rocca, bloquent en outre le navire de Corsica Linea, créée par deux candidats malheureux à la reprise de la SNCM, Daniel Berrebi, et un groupement d’entrepreneurs corses, Corsica Maritima.
« La grève a été reconduite samedi matin en assemblée générale », a déclaré à l’AFP M. Alpozzo, estimant que Corsica Linea représente une « concurrence déloyale ». A l’ex-SNCM, baptisée MCM mais dont le nouveau nom commercial n’est pas connu, comme à La Méridionale, les grévistes ont toutefois décidé de mettre en oeuvre « un service minimum », a précisé M. Alpozzo.
« J’ai été mis en échec », a également commenté M. Alpozzo à propos du nouveau blocage de samedi matin, rappelant que dès que la décision du juge des référés avait été connue vendredi, la CGT et lui-même en son nom propre avaient appelé les marins à cesser de bloquer le navire danois.
« Une autre compagnie a lancé une ligne de fret entre Bastia et Marseille, dont la seule explication (…) est le dépit des candidats recalés à la reprise de la SNCM », a de son côté commenté la direction de MCM dans un communiqué: « Si MCM condamne les entraves faites à la liberté de navigation, cette attaque frontale pose la question de l’équilibre de la DSP (…) ».
Le Stena Carrier transporte 40 remorques pleines de produits périssables et vingt remorques vides. La nouvelle compagnie, Corsica Linea, avait demandé au juge de prononcer une astreinte de 50.000 euros. Elle a ouvert le 4 janvier une ligne Bastia-Marseille, « avec toutes les autorisations qu’il faut », avait précisé à l’AFP, en marge de l’audience, l’armateur Daniel Berrebi.
A Ajaccio, plusieurs centaines d’entrepreneurs corses ont dénoncé samedi matin devant la préfecture le blocage du Stena Carrier. « Nos préoccupations ne sont pas prises en compte par les services de l’Etat qui nous promènent et la loi n’est pas respectée en France », a déploré le président de Corsica Maritima, François Padrona, à l’issue d’une réunion avec le préfet de Corse Christophe Mirmand.