A Mayotte, beaucoup de dégâts mais peu d’assurés

Paris, 17 déc 2024 (AFP) – Une fois menées les opérations d’urgence absolue, Mayotte devra estimer les dégâts considérables du cyclone Chido et amorcer la reconstruction, dans un archipel où seule une petite frange de la population est assurée.

Environ un tiers de la population – officiellement 320.000 habitants, mais peut-être 100.000 à 200.000 de plus compte tenu de l’immigration illégale – y vit dans de l’habitat précaire, entièrement détruit.

– Qui est assuré à Mayotte ? –

Très peu de particuliers sont assurés à Mayotte, département le plus pauvre de France, dévasté samedi par un cyclone meurtrier.

« Seuls 6% des ménages assurent leur habitation » et « seuls les plus aisés ont tendance à s’assurer », indiquait un rapport de l’inspection générale des services en 2020.

C’est très inférieur à la moyenne des Outre-mer – environ la moitié de la population assurée – et de l’Hexagone (96%), notait un rapport de la Caisse centrale de réassurance (CCR) en mai.

L’ampleur des défis sociaux, économiques ou migratoires est source de problèmes spécifiques qui peuvent faire de l’assurance une question secondaire pour les Mahorais.

Ces différences posent « la question de l’accès à l’indemnisation par les populations ultramarines lors de la survenance d’une catastrophe naturelle, et par extension la difficulté d’appréhender de manière complète l’exposition des territoires sous le seul prisme des dommages assurés », expliquait le réassureur public.

La CCR devrait communiquer jeudi sur un premier bilan.

– La prévention a-t-elle été suffisante ? –

Mayotte n’a capté qu’une part faible des moyens publics octroyés pour prévenir les catastrophes naturelles en général, et les cyclones en particulier.

Sur la période allant de 2009 à 2020, Mayotte n’a capté que 3% des 295 millions d’euros déployés dans l’ensemble des Outre-Mer par le fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM), aussi surnommé fonds Barnier, soit moins de 10 millions d’euros.

C’est bien moins que la Guadeloupe et la Martinique, à population pourtant quasi équivalente, selon la CCR.

Les moyens récents se sont par ailleurs concentrés sur les mouvements de terrain et « la mise en place d’un réseau d’observation volcanologique et sismologique suite à la crise sismo-volcanique qu’a connue l’île en 2018-2019 », d’après la même source.

Et les plans de prévention des risques des communes se sont interessés surtout aux inondations, mouvements de terrain et submersions marines.

– Que font les assureurs ? –

La priorité des assureurs présents sur place a été de localiser leur personnel et de faire un premier état des lieux de leurs infrastructures.

« Tous nos salariés vont bien. Nous sommes encore dans l’attente de nouvelles pour une personne », précise une porte-parole de Groupama, présent sur l’île comme Allianz, Generali et la GMF.

Deux des trois agences de Groupama sont en état de fonctionner mais sans électricité ni eau, la troisième a subi des dégâts sur la toiture.

L’assureur dispose d’une équipe prête à traiter les futurs dossiers depuis l’île voisine de la Réunion. Mais les difficultés d’accès au réseau téléphonique à Mayotte empêchent pour l’instant les remontées de sinistres.

Les cinq collaborateurs de l’agence GMF sur place sont sains et saufs, a indiqué mardi l’assureur à l’AFP.

L’agence de Mamoudzou « a subi quelques dégâts (…) mais toutes les équipes de GMF Assurances sont prêtes à recueillir les appels, et mobilisées pour répondre aux besoins de nos sociétaires », souligne la compagnie qui cherche à faciliter les déclarations de sinistres avec une équipe dédiée et un délai de déclaration allongé.

– Qui va payer les réparations? –

Dans ce territoire « pas du tout assuré », la reconstruction « va relever de la solidarité nationale », estime auprès de l’AFP l’expert en assurance Cyrille Chartier-Kastler, qui s’attend à l’annonce prochaine d’un gros chèque.

« La solidarité nationale sera essentielle pour surmonter cette épreuve », indiquait déjà lundi sur Linkedin le directeur général de la CCR, Edouard Vieillefond.

« Le régime +catnat+ (catastrophes naturelles, NDLR) n’existe que sous réserve qu’il y a un contrat d’assurance de base, automobile ou multirisques habitation », rappelle Cyrille Chartier-Kastler, ce qui n’est donc en grande partie pas le cas à Mayotte.

Le dispositif français d’indemnisation des catastrophes naturelles permet de prendre en charge les dégâts des particuliers ou professionnels assurés, une fois que le gouvernement a pris un arrêté de catastrophe naturelle.

etr-bp/abb/nth

ALLIANZ

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