A Mayotte, des centaines de professeurs privés de salaire

Mtsamboro (France), 11 nov 2025 (AFP) – Devant le collège de Mtsamboro, dans le nord de Mayotte, la professeure contractuelle Aenda Salim, sans salaire depuis deux mois, ne sait pas comment elle va s’en sortir, à l’instar de centaines de ses collègues au statut similaire.

« Mon compte est à sec », déplore la jeune enseignante, dont le découvert s’élève déjà à « 500 euros ». Revenue dans cet archipel de l’océan Indien en septembre pour y enseigner, elle n’a en effet pas reçu de salaire depuis, comme huit autres collègues de son établissement.

« Payer le logement, c’est compliqué, même pour venir au collège, car je ne suis pas véhiculée et je dois payer le taxi », indique la jeune professeure qui habite à 20 minutes de route de là.

Samedi, elle est venue rejoindre une vingtaine de professeurs et parents d’élèves qui bloquent le collège depuis une semaine en signe de protestation.

Parmi eux, Irman Chebani attend elle aussi désespérément son salaire. « J’ai des dettes », déplore celle qui ne peut plus faire face à ses charges. « Comment on peut avancer sans argent sur notre compte ? Alors qu’on travaille d’arrache-pied », ajoute la Mahoraise.

Le 31 octobre, le rectorat publiait un communiqué faisant état de « plus de 350 » enseignants, majoritairement contractuels, sur l’ensemble du territoire concernés par des difficultés de paye. L’explication: « un fort renouvellement des gestionnaires et des cadres, la complexité accrue des procédures et un déficit de formation des nouveaux agents ». Des déclarations arrivées après de nombreuses manifestations depuis la fin septembre.

Lors de l’une d’elles, la rectrice de l’académie de Mayotte, Valérie Debuchy, avait reçu une délégation de professeurs. Elle s’était engagée à ce que des acomptes soient versés avant les vacances d’octobre et les salaires, régularisés sur la paye de ce mois.

Mais à la rentrée, l’argent promis manque encore à l’appel.

– Sans logement –

Bastien Cagnet, également professeur au collège de Mtsamboro, s’estime chanceux d’avoir reçu un acompte, mais celui-ci reste bien maigre. Concernant la réception de son salaire, des agents du rectorat lui ont indiqué que la situation serait réglée en novembre, « mais qu’ils ne pouvaient pas le garantir », déplore-t-il.

Un « flou artistique » qu’Aude Moulié, professeure au collège de Kawéni 1, à Mamoudzou, ne supporte plus. Arrivée en août à Mayotte, elle se retrouve sans logement avec sa fille, après une séparation. Bien qu’elle ait reçu un acompte le 15 octobre, ce dernier est insuffisant pour trouver un toit. Et lorsqu’elle contacte le service social du rectorat, on lui recommande de faire le 115. Elle va préférer la proposition d’hébergement d’un collègue.

Après de nombreux mails envoyés en vain pour régler sa situation, elle envisage de quitter Mayotte et de rentrer dans l’Hexagone, mais redoute de nouveaux frais.

La semaine dernière, des délégations du rectorat se sont rendues dans chaque établissement pour recenser les dossiers à étudier au cas par cas.

Contacté, le rectorat n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP dans l’immédiat.

De leur côté, professeurs et parents d’élèves se sont résolus à bloquer plusieurs établissements, notamment dans le nord de Grande-Terre, l’île principale de l’archipel.

« L’éducation de nos enfants ne se négocie pas. (…) Quand les professeurs ne sont pas payés, ils n’ont pas leurs capacités à 100% pour donner les leçons », développe une mère, qui n’a pas donné son nom, venue participer au blocage du collège de Mtsamboro samedi en solidarité avec les enseignants.

Cela fait plusieurs années que les salaires des professeurs contractuels connaissent des retards à Mayotte. Mais cette fois, le phénomène a pris une ampleur sans précédent.

« Le rectorat doit prendre ses responsabilités pour que ça n’arrive plus », insiste Erwan Coic, représentant du collectif des professeurs de ce même établissement. Selon lui, le rectorat a promis le versement d’une aide exceptionnelle cette semaine de 1.500 euros aux huit collègues qui n’ont eu ni salaire, ni acompte.

En tout, le rectorat a annoncé que 30.000 euros d’aide seraient versés.

Le blocage du collège a donc été suspendu lundi, mais reprendra si cette aide n’est pas versée rapidement, promettent les syndicats. « On reste vigilants », peut-on lire sur une banderole en langue shimaoré, sur la grille du collège de Mtsamboro.

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