Les deux dirigeants doivent s’entretenir samedi après-midi pour faire un « bilan des négociations » et discuter « des prochaines étapes », ont-ils annoncé chacun de leur côté.
« Nous devrions intensifier les négociations. Cela vaut la peine d’y travailler dur », a déclaré Mme von der Leyen, à l’issue d’un sommet européen où elle a fait un point sur la situation avec les dirigeants européens.
« Nous manquons de temps », a-t-elle insisté, sans détailler ses attentes auprès du Premier ministre britannique.
La chancelière allemande Angela Merkel a de son côté souligné que « les prochains jours » seraient décisifs. « Tant que les négociations se poursuivent, je suis optimiste », a-t-elle dit. Mais « je ne peux pas annoncer une percée comme une évidence. »
L’échange entre Mme von der Leyen et M. Johnson a lieu après une nouvelle semaine de discussions commerciales à Bruxelles, menées par le négociateur européen Michel Barnier et son homologue britannique David Frost. Les deux hommes se sont encore rencontrés vendredi matin.
– Blocage sur la pêche –
Le Royaume-Uni a quitté l’UE le 31 janvier, mais il continue d’appliquer les règles européennes jusqu’au 31 décembre, une période de transition pendant laquelle Londres et Bruxelles espèrent s’entendre sur un accord commercial régissant leur future relation.
Faute d’accord, une rupture brutale dans les échanges viendrait ébranler un peu plus des économies déjà fragilisées par la pandémie de nouveau coronavirus.
Les discussions se tiennent dans un calendrier particulièrement serré: Boris Johnson a fixé la date du 15 octobre, jour d’un sommet européen à Bruxelles, pour un accord. Les Européens se sont eux donné jusqu’à fin octobre.
Les pourparlers butent toujours sur plusieurs sujets sensibles, comme la gouvernance du futur accord, ou encore l’éternelle question des garanties exigées par l’UE, en particulier en matière d’aides d’Etat, pour éviter de voir surgir de l’autre côté de la Manche une économie dérégulée, qui la concurrencerait de manière déloyale.
Un accord doit également être trouvé sur la pêche, un sujet particulièrement explosif pour une poignée d’Etats membres comme la France, mais aussi l’Espagne, le Danemark, la Belgique ou les Pays-Bas, qui espèrent un statu quo dans l’accès de leurs pêcheurs aux eaux britanniques, très poissonneuses.
« La question de la pêche est très difficile », a souligné Mme von der Leyen. « Nous avons fait des progrès dans de nombreux domaines, mais bien sûr, les plus difficiles sont encore complètement ouverts, et c’est principalement le cas de la pêche. »
« Il est bon d’avoir un accord, mais pas à n’importe quel prix », a-t-elle insisté.
– « Il faut se calmer » –
Côté britannique, les négociateurs espèrent parvenir rapidement au fameux « tunnel » de négociations, ce moment où un accord semble suffisamment proche pour se lancer dans des pourparlers à huis clos en continu.
« Il faut se calmer un peu avec le tunnel », a cependant tempéré une source européenne. « Il n’y a aucun signe que nous en sommes là! »
Les tentatives pour faire aboutir la négociation commerciale ne semblent par ailleurs pas avoir été affectées par le lancement jeudi par Bruxelles d’une procédure d’infraction contre le Royaume-Uni, pour ce qu’elle considère comme une violation du traité du Brexit.
En cause, un projet de loi britannique remettant en question certains engagements pris par Londres dans le traité encadrant son départ de l’UE. Bruxelles avait laissé au Royaume-Uni jusqu’à fin septembre, c’est-à-dire mercredi, pour retirer son texte, considéré comme contraire au droit international.
La procédure peut finir devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), susceptible d’infliger des amendes ou des astreintes.
Le projet de loi incriminé, approuvé mardi par les députés britanniques et qui doit être examiné par les Lords dans les semaines à venir, revient sur des dispositions pour la province britannique d’Irlande du Nord, prévues afin d’éviter le retour d’une frontière avec la République d’Irlande, un garde-fou jugé essentiel au maintien de la paix sur l’île.