Depuis juin 2020, une information judiciaire, ouverte pour « prise illégale d’intérêts », « trafic d’influence » et « défaut de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique », s’intéresse aux liens entre l’armateur MSC et M. Kohler, un proche d’Emmanuel Macron.
M. Denormandie était l’adjoint d’Alexis Kohler quand ce dernier était directeur de cabinet d’Emmanuel Macron au ministère de l’Economie et des finances (2014-2016).
Mediapart avait relevé les liens familiaux et professionnels entre M. Kohler, alors bras droit de l’Elysée et passé par Bercy, et l’armateur italo-suisse MSC, fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte.
MSC est un important client de l’entreprise STX France (aujourd’hui renommé Chantiers de l’Atlantique) qui gère les chantiers navals de Saint-Nazaire.
Une première enquête avait été ouverte le 4 juin 2018 par le parquet national financier (PNF) après plusieurs plaintes d’Anticor, et confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE). Une douzaine de personnes, dont Alexis Kohler, avaient été entendues.
La BRDE a successivement rédigé deux rapports contradictoires. Dans le premier, daté du 7 juin 2019, il est écrit que M. Kohler n’avait « (pris) aucune mesure pour organiser un déport formalisé » pour ne pas intervenir sur les questions liées à MSC lorsqu’il travaillait pour le ministre Pierre Moscovici, et ensuite en tant que directeur de cabinet d’Emmanuel Macron.
Dans le second rapport, daté du 18 juillet 2019 et plus court, le même enquêteur concluait que M. Kohler avait bien organisé des déports quand il était à Bercy.
Le chef de l’Etat avait personnellement pris la défense de son bras droit: dans une note datée du 1er juillet 2019 et versée à la procédure, M. Macron écrit que M. Kohler n’était jamais intervenu, lorsqu’il était son directeur de cabinet à Bercy, dans des dossiers liés à MSC.
La révélation de cette note avait suscité une vive polémique, l’opposition accusant l’exécutif d’attenter à la séparation des pouvoirs et de vouloir influencer le cours d’une enquête.
Le mois suivant, le PNF avait classé l’enquête sans suite. Mais Anticor avait alors déposé une plainte avec constitution de partie civile le 4 décembre 2019, relançant ainsi les investigations.
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