En marge de l’adoption d’un rapport sur l’économie de la mer, les eurodéputés ont voté à 319 voix (280 contre) pour « interdire le recours aux techniques néfastes » pour l’environnement « dans les zones marines strictement protégées », sur la base d’avis scientifiques.
Cet amendement, déposé par Pierre Karleskind (Renew, libéraux), était dénoncé par les parlementaires de gauche comme par les ONG environnementales, qui observaient que ces zones « strictement protégées » représentent 1% seulement des eaux européennes et sont en principe déjà exemptes d’activités « néfastes ».
Dans leur viseur, la pêche au chalut qui consiste à racler les fonds marins avec des engins tractés, qu’ils souhaiteraient interdire de toutes les « aires maritimes protégées », une catégorie plus large (quelque 10% des eaux européennes). Selon l’ONG Oceana, la pêche au chalut est pratiquée dans 86% d’entre elles.
Pour l’ONG Bloom, ce vote a « méthodiquement saboté l’ambition européenne de protection de l’océan et de la biodiversité ».
« Triste journée: une majorité a voté (…) pour laisser la vaste majorité des aires marines protégées être dévastées par des chaluts de fond », s’est désolée l’eurodéputée verte Caroline Roose, tout en se félicitant de l’adoption de trois de ses propres amendements.
L’un (361 voix pour, 257 contre) appelle à « s’attaquer d’urgence aux effets néfastes sur le climat, l’intégrité des fonds marins, les populations piscicoles (…) de moyens de pêche tels que les engins de fond, les filets dérivants (…) en limitant leur utilisation ».
Un autre (361 voix pour, 208 contre), réclame l’interdiction des « activités industrielles d’extraction, telles que l’exploitation minière, dans les zones marines protégées ». Le troisième vise à identifier les « habitats marins riches en carbone » pour les préserver d’activités comme le chalut, susceptible de libérer le CO2 emprisonné.
Bien que non contraignants, ces amendements sont « une avancée importante », « un signal politique fort » pour la Commission européenne qui doit d’ici l’été présenter ses mesures pour la gestion des mers et la restauration des écosystèmes naturels, estime Nicolas Fournier, de l’ONG Oceana.
Observant que « le chalut de fond représente 80 % des apports de poissons dans les ports français », Pierre Karleskind s’est redit opposé à toute interdiction indiscriminée, appelant à le faire « uniquement là où c’est efficace », sur avis scientifique, et notant que « certaines aires protégées le sont pour les oiseaux ». Les ONG, elles, appellent à considérer l’écosystème dans son ensemble.