Le groupe marseillais, qui s’est diversifié dans la logistique avec l’intégration depuis 2019 du suisse Ceva Logistics, avait gagné 1,755 milliard de dollars en 2020, après une perte de 229 millions l’année précédente.
La tension sur le transport maritime pour les biens de consommation, observée depuis l’été 2020 après le déclenchement de la crise sanitaire, s’est renforcée en 2021. Les transporteurs se sont heurtés à des problèmes logistiques -notamment des pénuries d’équipements et de conteneurs et l’encombrement des ports- qui ont allongé les délais d’attente, entraînant une augmentation des prix bien plus importante que celle des coûts des armateurs.
« Nous avons enregistré d’excellents résultats en 2021, portés par des conditions de marché extrêmement favorable », a sobrement commenté le PDG Rodolphe Saadé, cité vendredi dans le communiqué de présentation des résultats annuels.
Le chiffre d’affaires du troisième armateur mondial a augmenté de 78% à 55,98 milliards de dollars, porté majoritairement par les activités maritimes.
Dans le détail, le chiffre d’affaires de l’activité maritime est en progression de 88,5% à 45,3 milliards de dollars, avec des volumes transportés en hausse de seulement 5%.
Après un premier semestre « dynamique », la seconde moitié de l’année a été marquée par « des congestions portuaires et tensions logistiques terrestres », qui ont provoqué un allongement des temps de parcours, a décrit la direction. Et la tendance s’est poursuivie depuis le début 2022.
– « de bout en bout » –
Les prix du transport se sont envolés, ce dont a grandement profité l’armateur, mais la direction signale « une forte hausse des coûts opérationnels », de près de 30% au quatrième trimestre, « notamment en raison d’un renchérissement des coûts de l’énergie, des manutentions et des coûts d’affrètement ».
Le chiffre d’affaires de Ceva Logistics a parallèlement augmenté de 46,9% à 10,9 milliards de dollars.
Sa croissance devrait se poursuivre pour permettre une offre « de bout en bout » à ses clients du e-commerce, avec les acquisitions annoncées de Colis privé et d’activités d’Ingram Micro.
Avec la spectaculaire amélioration de sa situation, le groupe aux 130.000 salariés a poursuivi « le renforcement de sa structure financière », en réduisant son endettement de façon aussi spectaculaire: sa dette nette a été réduite de 9,2 milliards de dollars en 2021, pour finir l’année à 7,7 milliards.
CMA CGM s’est aussi lancé dans le fret aérien avec le lancement d’une compagnie aérienne française, baptisée CMA CGM Air Cargo, qui devrait compter « au moins dix avions d’ici 2026 ».
Plus généralement, une très grosse partie des bénéfices est réinvestie dans l’appareil de production, nouvelle capacité de transport, conteneurs, terminaux portuaires… Le groupe a investi 10 milliards de dollars en 2021 et prévoit de mettre 14 milliards supplémentaires au pot cette année, selon la direction.
Le groupe se dit « particulièrement attentif à l’évolution de la situation géopolitique actuelle », notant qu’il a suspendu ses rotations de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie -qui représentaient environ 2% de son chiffre d’affaires- et « veille à s’inscrire dans le respect des sanctions applicables à l’ensemble de ses opérations ».
Les prix de l’énergie ont également été impactés par les événements géopolitiques, remarque-t-il également.
« Bien que les décisions prises n’aient pas à ce stade d’impact matériel sur les résultats du groupe, l’impact sur les perspectives d’une détérioration de l’environnement géopolitique, les éventuelles conséquences en matière macroéconomique ou les décisions qui pourraient en résulter ne peuvent être évalués », reconnaît la direction.
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