« Aucun bateau ne navigue », a expliqué le délégué CFE-CGC Maurice Perrin. « Nous sommes entre 80 et 100% de grévistes, a affirmé le délégué CGT (majoritaire) Frédéric Alpozzo. L’intersyndicale avait appelé à une grève de 24 heures mardi dans les principaux ports corses ainsi qu’à Marseille, Nice et Toulon.
Selon la direction, 72,5% des salariés marins et 14% des sédentaires étaient grévistes, soit 42% du personnel. « Tous nos clients ont été positionnés sur d’autres compagnies. Personne n’est bloqué ou en attente sur les quais. Les bateaux sont vides », a précisé un porte-parole de la SNCM.
Les syndicats contestent le choix de la direction d’affréter le ferry « El-Vénizélos », de l’armateur grec Anek Lines, qui doit desservir la Tunisie et la Corse à partir du printemps en remplacement de « L’Ile de Beauté ».
Ils préfèreraient que « L’Ile de Beauté » soit remplacé par le navire « Excelsior », un navire de la compagnie italienne Grandi Navi Veloci récemment affrété par la SNCM pour remplacer le « Napoléon Bonaparte ».
Ce dernier était rentré en cale sèche en janvier après avoir été endommagé lors d’un violent coup de vent dans le port de Marseille fin octobre.
« L’Excelsior » a été inscrit au pavillon français 1er registre, ce qui lui garantit un équipage 100% français, au contraire de « El-Vénizélos » qui conserverait son équipage de conduite grec – la SNCM fournissant le personnel d’hôtellerie – ce que refusent les syndicats.
Dimanche soir, la CFE-CGC avait retiré son préavis après la prise de position du ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, sur le dossier.
Le ministre avait estimé dans un communiqué « inacceptable que des navires affrétés durablement par la compagnie ne soient pas enregistrés sous pavillon français ».
Les syndicats réclamaient que la question du remplacement de « l’Ile de Beauté » soit portée à l’ordre du jour du conseil de surveillance de mardi. Selon M. Perrin, après des discussions entre l’Etat et l’actionnaire majoritaire Veolia Environnement dans la nuit de dimanche à lundi, le sujet sera bien abordé en conseil de surveillance prévu mardi après-midi.
La SNCM emploie 1.400 salariés. Elle est en passe de remporter, en partenariat avec la CMN, la nouvelle délégation de service public pour la desserte de la Corse, mais d’autres incertitudes – possible remboursement d’aides d’Etat attaquées devant la justice européenne par son concurrent Corsica Ferries et renouvellement de son actionnariat – pèsent sur son avenir et inquiètent syndicats et élus de la région.