« Au 100ème anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, ce jour de paix entre les peuples, nous exhortons les chefs d’Etat et de gouvernement des démocraties à obtenir de Vladimir Poutine qu’il s’engage à libérer immédiatement et sans condition Oleg Sentsov et les autres prisonniers politiques ukrainiens », écrivent les quelque 250 signataires, dont les cinéastes Jean-Luc Godard, Wim Wenders et Aki Kaurismaki, l’écrivain Jonathan Littell et la comédienne Marina Vlady.
Quelque 70 personnalités politiques de premier plan – dont le président Poutine – seront réunis dimanche à Paris pour marquer le centenaire de l’armistice ayant mis fin à la Première Guerre mondiale.
Opposant à l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie, Oleg Sentsov a été condamné en 2015 par la justice russe à 20 ans de camp pour « terrorisme » et « trafic d’armes », à l’issue d’un procès dénoncé comme « stalinien » par l’ONG Amnesty International.
Le cinéaste de 42 ans, qui a reçu fin octobre le Prix Sakharov du Parlement européen, a passé cette année 145 jours en grève de la faim pour exiger la libération de tous les « prisonniers politiques » ukrainiens détenus en Russie. Il est détenu dans la colonie pénitentiaire russe de Labytnangui, au-delà du cercle polaire arctique.
« La portée de son geste (…) oblige l’Europe et plus largement le monde à ne pas oublier l’Ukraine, la Crimée, le Donbass », insiste le collectif. « Il nous alerte, comme l’avaient fait avant lui Martchenko et Sakharov à propos de l’URSS, sur les dangers que fait courir la Russie de Poutine à la démocratie et à ses valeurs: liberté, respect des peuples, paix… ».
Les signataires demandent aux leaders des démocraties d’utiliser « tous les moyens qui sont à leur disposition pour contraindre la Russie à respecter le droit international »: enquête des Nations unies, échange de prisonniers via un élargissement des accords de Minsk, voire condamnation de la Russie par la Cour européenne des droits de l’homme.
« Si aucune de ces voies n’aboutit, il sera temps de voter une loi au niveau de l’Union européenne », ajoutent les auteurs de la Tribune, rappelant qu’une telle loi – la loi Magnitski – existe déjà dans plusieurs pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada…).