Après le Rafale, la France espère engranger de nouveaux succès au Qatar

« Le Qatar est un partenaire stratégique de la France. Il ne faut pas mégoter sur les mots », a déclaré M. Le Drian en marge du salon de l’industrie militaire navale DIMDEX à Doha, en référence à la proximité de vues entre les deux pays sur la situation régionale et aux liens de défense bilatéraux.

Signe le plus concret de ce partenariat, l’armée qatarie a passé commande de 24 Rafale en 2015 pour 6,3 milliards d’euros. « Ce succès, je l’espère, en appellera d’autres », a déclaré le ministre devant les industriels français présents au Doha International Maritime Defense Exhibition (Dimdex).

Le groupe de construction navale militaire DCNS est candidat pour la vente de trois frégates antimissiles au Qatar -un marché de trois à quatre milliards d’euros- et le constructeur Nexter pour celle de 300 véhicules de combat de type VBCI (deux milliards).

« Peut-être que le chiffre 13 est un chiffre de chance », a lancé le ministre qui effectuait son 13e déplacement à Doha depuis sa prise de fonctions en mai 2012.

Au Dimdex, M. Le Drian a fait le tour de plusieurs stands tricolores avec le jeune émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, visiblement très à l’aise en français. « Je connais », a souri l’émir devant le stand de Dassault, constructeur du Rafale.

Les deux hommes ont aussi échangé quelques mots sur le match de football qui opposera le PSG, financé par le Qatar, à Lorient, ville natale du ministre français en Bretagne, en demi-finales de la Coupe de France en avril.

M. Le Drian a aussi eu l’occasion de vanter les mérites du « made in France » lors d’un entretien avec le ministre d’Etat qatari à la Défense, Khaled ben Mohamed al-Attiya.

A l’appui du savoir-faire français, la frégate L’Aconit, déployée dans la région, avait fait escale au Dimdex, au côté de sept autres bâtiments étrangers (britannique, italien, indien…)

Le Qatar, soutien actif des Frères musulmans et de groupes armés radicaux en Syrie, est un allié jugé parfois encombrant pour Paris, même s’il rejette, comme l’Arabie saoudite, tout lien politique ou financier avec le groupe Etat islamique.

« Nous parlons très franchement (..) Nous avons une relation saine », a riposté M. Le Drian aux critiques politiques en France sur la proximité entre les deux pays.

DCNS est en concurrence avec une offre de l’Italien Fincantieri. Doha, qui veut acquérir ces bâtiments avant le Mondial de football de 2022, devrait annoncer d’ici l’été sur quel constructeur se porte son choix, la première livraison devant intervenir dès 2021.

– Le prix du baril, trouble-fête –

Le Qatar a par ailleurs entrepris la modernisation de son armée de terre avec, outre 60 chars Leopard-2 allemands commandés en 2013, un appel d’offres pour 300 véhicules de combat.

En 2014, Doha a également signé une lettre d’intention pour l’achat de 22 hélicoptères européens NH90. Ce contrat de près de deux milliards d’euros est « prêt, mais pas encore signé », relève-t-on à Paris. Les appareils doivent être fabriqués en France et en Italie.

L’effondrement des prix des hydrocarbures a bousculé le calendrier d’acquisitions du Qatar, en difficulté budgétaire comme d’autres pays du Golfe et qui du coup a fait des frégates sa priorité.

Doha s’inquiète du potentiel militaire de l’Iran chiite, puissance régionale rivale des monarchies sunnites du Golfe, et cherche à se doter de capacités antimissiles pour protéger notamment sa plate-forme gazière offshore.

Le Qatar constitue un enjeu important à l’export pour DCNS en 2016, avec l’Egypte et l’Australie.

Le Caire pourrait commander deux corvettes Gowind supplémentaires au constructeur français – outre les quatre déjà négociées – et deux bateaux plus petits pour un total de 500 millions d’euros, selon plusieurs sources françaises.

DCNS est également sur les rangs pour le « contrat du siècle », la vente de 12 sous-marins à l’Australie pour plus de 20 milliards d’euros. Sur ce créneau, la partie s’annonce toutefois très serrée face à l’allemand ThyssenKrupp et à un consortium japonais.

Si le Qatar passe commande, les trois frégates seront construites à Lorient, une bouffée d’air pour le site industriel et la ville natale de Jean-Yves Le Drian, également président de la région Bretagne.

vl/ras/jri/alc/LyS

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